RDC /Kasaï/ FONAREV:Un député national veut torpiller une enquête sur des violences électorales
Par Obed BISIDI
Une vive controverse secoue l’Assemblée nationale après l’introduction d’une question orale avec débat à l’encontre du Directeur général du Fonds National des Réparations des Victimes de violences sexuelles liées aux conflits et des victimes des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (Fonarev), M. Patrick Fata Makunga. Un député national élu dans une circonscription du Kasaï, est lui-même visé par de graves accusations provenant de ses » électeurs. »
Selon des sources locales et des témoignages recueillis par plusieurs structures de la société civile, ce député serait l’auteur intellectuel d’actes de violences ayant endeuillé son territoire lors des élections générales de 2023. Les faits dénoncés incluent des coups de machette, l’incendie volontaire d’habitations, des agressions ciblées et un climat généralisé de terreur ayant traumatisé les communautés locales. Ces actes, selon des rescapés, auraient permis au député incriminé d’imposer sa candidature par la peur et la répression, jusqu’à obtenir un siège à la chambre basse du Parlement.
Le Fonarev, sous la direction de Patrick Fata Makunga, a mené deux missions consécutives dans ce territoire du Kasaï afin de documenter les violations des droits humains et d’identifier les victimes des violences électorales. Ces efforts, salués par les ONG et les organisations locales, ont ravivé l’espoir des victimes d’obtenir enfin justice.
C’est dans ce contexte qu’intervient la question orale initiée par un député, laquelle, selon plusieurs observateurs, ressemble à une stratégie de diversion. « Il s’agit d’une fuite en avant », estime un activiste des droits humains qui suit de près le dossier.
L’initiative parlementaire contre Patrick Fata Makunga n’est rien d’autre qu’un acharnement déguisé visant à décrédibiliser un travail rigoureux de documentation des atrocités électorales. La vigilance des députés nationaux est à inviter afin qu’ils ne se laissent pas instrumentaliser au détriment de la vérité et des droits des victimes.
Si les élus du peuple gardent leur lucidité et leur intégrité, cette manœuvre pourrait bien se retourner contre son auteur. « Ne pas soutenir les efforts du Fonarev, c’est trahir les populations meurtries du Kasaï et compromettre le principe fondamental de justice transitionnelle en RDC », avertit un membre influent de la société civile locale.
Alors que le pays s’engage dans un long processus de réparation des victimes des conflits et violences électorales, cette affaire pourrait bien être le premier test de la volonté des institutions de rompre avec l’impunité.
(Dossier à suivre)