RDC/L’autopsie de la faillite de l’intelligentsia congolaise vue par l’essayiste Modeste Mbonigaba

Six décennies après son accession à l’indépendance, le Congo démocratique patauge et
peine à décoller, contrairement aux pays tels que le Canada, l’Afrique du Sud et la Corée du Nord qui avaient le même PIB que lui en 1960. Pour l’essayiste Modeste MBONIGABA, la transformation de la RDC en eldorado africain passe par la réhabilitation de l’intelligentsia congolaise, c’est-à-dire l’appropriation du  » patrimoine Congo » par les congolais, la mort du concept « chance eloko pamba », la réhabilitation du mérite, du travail acharné et de l’excellence ainsi que la mise en place d’ un système électoral totalement adapté aux réalités congolaises. C’est ainsi que l’on pourra parvenir à créer une nouvelle race de citoyens avertis, d’une rigueur et d’une exigence extrêmes.

Introduction

Faut-il rappeler que jusqu’au 30 juin 1960,le Congo est dirigé par le colonisateur belge. Son bilan, à cette date, en matière de développement économique est parmi les plus enviables en Afrique, dans une grande partie de l’Asie et même au-delà! Ce pays se place en effet au même niveau de développement que l’Afrique du Sud, le Canada ou la Corée du Sud.Aujourd’hui, plus de six décennies plus tard, un pays comme la Corée du Sud affiche un Produit Intérdollars américains alors que le Congo Kinshasa «patauge» encore dans un PIB d’à peine 50 milliards de dollars US, soit trente fois moins!!!Que s’est-il passé pour que le Congo connaisse une telle dégringolade au cours de cette période? Y aurait-il eu un tsunami ou un cataclysme d’une rare ampleur qui se serait abattu sur le Congo, provoquant ainsi un désastre économique sans précédent? La réponse à toutes ces questions est on ne peut plus simple. Au 30 juin 1960,en dehors du contexte international qui change du tout au tout vis-à-vis du Congo, la seule chose qui change dans ce pays au plan humain c’est le remplacement de l’encadrement colonial (et ses méthodes!) par l’encadrement autochtone. Tout le reste ne bouge pas. Ce sont les mêmes ouvriers et autres auxiliaires qui continuent, sauf q majoritairement assuré par certains anciens ouvriers et auxiliaires!On peut donc supposer que si l’encadrement (et la donne politique) n’avait pas changé après le 30 juin 1960, le Congo serait aujourd’hui au même niveau de développemende 1.500 milliards USD!L’encadrement étant censé provenir de l’intelligentsia d’une Nation, il s’ensuit que la faillite de l’intelligentsia congolaise face au redressement de la Nation serait due au fait que l’efficacitémanagériale de l’encadrement autochtone, qui avait pris la relèv hauteur des enjeux et des attentes. Après avoir fait cet amer constat, nous nous proposons de chercher à identifier la principale cause téralement bloqué l’ascension du Congo vers les mê de progrès matériel qu’affiche aujourd’hui la Corée du Sud ou le Canada, par exemple. Ensuite, nous passerons rapidement en revue les principaux défis qui, du fait de ce décrochage, n’ont pu être relevés, hypothéquant ainsi tout espoir de développement véritable. Enfin, nous proposerons l’approche qui, nôtre de se ressaisir pour enfin s’engager sur la voie d’un développement fulgurant, et devenir ainsi un véritable eldorado africain. 1. SCENARIO D’UNE FAUSSE PASSATION DE POUVOIRS OU LE CHAINON MANQUANTQue s’est-il passé au juste le 30 juin 1960? Ce fut une grande cérémonie protocolaire au cours de laquelle le propriétaire officiel du Congo (jusqu’à cette date) était censé venir remettre officiellement les clefs de ce pays àson désormais nouveau propriétaire! Déjà, au niveau de la simple mise en scène, les choses se passent plutôt mal! En effet, le malentendu ou l’incompréhension sort au grand jour dès ce moment-là! Alors que le nouveau propriétaire (incarné par le Premier Ministre Patrice Emery Lumumba) prend très au sérieux son nouveau statut, l’ancien (et toujours) propriétaire du Congo (le Roi des Belges Baudoin1er) supporte mal le fait que le «nouveau» propriétaire (sur papier!) n’ait pas correctement assimilé la leçon et, donc, son rôle de simple surveillant ou gardien d’un patrimoine qui, lui, n’a pas changé de propriétaire!On connait la suite de ce tragique malentendu. L’ancien et toujours véritable propriétaire du fabule«patrimoine congolais» va immédiatement reprendre la situation en mains pour remettre les choses à l’endroit, en éliminant physiquement l’empêcheur de la poursuite de l’exploitation paisible de l’ex-colonie et en plaçant ses pions à tous les postes stratégiques. La corruption à grande échelle des autres m Depuis lors, contrairement aux apparences et donc aux figures des acteurs qui se succèderont sur la scène congolaise, le propriétaire, lui, ne changera pas! Il y aura, par brefs épisodes, des illusions éphémères d’un changement de propriétaire. Mais ce ne seront que des illusions…! Au début des années 60, un intellectuel congolais, Auguste MABIKA KALANDA – à travers son livre intitulé: LA REMISE EN QUESTION, BASE DE LA DECOLONISATION MENTALE – tentera sans succès (et pour cause! Tout est déjà verrouillé pour que le statu quo demeure!) d’entrainer les Congolais vers ce qui aurait pu être effectivement le début de leur décolonisation Aujourd’hui, plus de soixante ans après, plus des apparences changent, plus c’est la même chose! De nouveaux concepts seront même imaginés et lancés sur le «marchédes idées» Le dernier en date serait ce concept dit de congolité qui, sous les apparences séduisantes, viserait en fin de compte à diviser les Congolais…! dans le but de distraire ou de servir de diversion afin que les Congolais ne puissent pas se focaliser sur l’essentiel, à savoir: l’émergence d’une véritable citoyenneté congolaise permettant aux Congolais d’intérioriser enfin leur véritable statut de PROPRIETAIRES du Congo! Car au 30 juin 1960, à part quelques initiés, nombreux sont ceux qui ne comprennent pas le sens profond du mot INDEPENDANCE. Ce mot qui, sans aucun doute possible, a une signification très précisepour LUMUMBA. Pour lui, INDEPENDANCE signifie APPROPRIATION! Autrement dit, ces hommes et ces femmes qui étaient jusqu’alors de simples ouvriers, des auxiliaireette date les seuls et uniques PROPRIETAIRES du Co! C’est le lieu de signaler qu’au terme d’une trentaine d’années de recherches essentiellement centrées sur les élections, la démocr et sanctionnées par une trentaine d’écrits sur ces trois thématiques, nous sommes arrivés à détecter la faille qui rendait jusqu’ici impossible toute tentative d’appropriation par les Congo commun nommé CONGO. Cette faille, c’est l’absence du mental, l’absence de la mentalité de PROPRIETAIRE! Nous avons, chemin faisant, fini par découvrir que l’absence de la mentalité de PROPRIETAIRE avait, elle aussi une explication, à savoir: un mauvais usage de l’urne, cet outil par excellence au moyen duquel le Peuple-Patron (ou le Propriétaire) délèguerait, pour un temps, son pouvoir dont il est l’unique détenteur! L’attitude du commun des Congolais, face à l’urne, aura en effet été la meilleure démonstration du fait que ce dernier n’est pas du tout conscient d’être le copropriétaire du Congo! Car, qui est ce propriétaire normal et conscient de l’être qui peut confier, à travers le vote, lans, au premier venu? Le réflexe quasi automatique de tout propriétaire digne de ce nom ne devrait-il pas être tout au moins de chercher à ne placer que les meilleures personnes à la tête de tous les postes électifs gouvernementaux ? Est-ce pour barrer la route à cette éventualité que le désormais «propriétaire illégitime» aurait, dès le départ, prévu la parade en vidant de sa substance (via ses relais locaux désormais installés à tous les postes de responsabilité) la fonction centrale du vote comme mode par lequel le propriétaire du patrimoine choisit, pour un temps, les meilleurs des fils et filles du pays pour gérer celui-ci en son nom? En réduisant en effet cette fonction centrale à du simple folklore, le «propriétaire illégitime» a réussi à verrouiller jusqu’ici tout le système parce qu’il a été clairement démontré que l’Afriq’un des membres les plus représentatifs) ne décollKofi Annan «L’Afrique se meurt par la faute de ses dirigeants» (déclaration de Kofi Annan, ancien Secrétaire Général de l’ONU) et beaucoup d’autres hauts responsables africains et mondiaux ont clairement conclu que le blocage de l’Afrique était essentiellement dû à un leadership déficitaire qson énorme potentiel.

2. TOUS LES DEFIS MAJEURS NE SONT PAS RELEVES

Au moment de la pseudo-indépendance du Congo en 1960, les défis à relever pour construire un Etat moderne sont légion et pour ainsi dire hors de portée, vu les médiocres conditions dans lesquelles naissent les nouveaux Quasi-Etats africains. Qu’il s’agisse de la mise en place des infrastructures routières, ferroviaires, portuaires ou aéropo; qu’il s’agisse des infrastructures sanitaires, scolaires, universitaires ou de recherche; qu’il s’agisse de la desserte en électricité et en eau potable; qu’il s’agisse de la modernisation de l’agriculture, prélude à une industrialisation intégrée et c…bref, tous les défis auxquels fait face le nouveau Congo sont très loin au-dessus des capacités managériales de ses dirigeants successifs.En fait, s’agissant des défis majeurs à relever, il y en a un qui ramasse pratiquement tous les autrtruction d’un véritable Etat! Car, en plus de six décennies de pseudo indépendance, nous nous sommes contentés d’un pseudo Etat, un semblant d’Etat, un Quasi-Etat bref, en réalité, un non-Etat! Avec la réforme opérée ici, permettant de faire éclore une nouvelle race de Citoyens, des Citoyens o Etat-Stratège, un Etat-Manager du destin collectif ! Avec ce type d’Etat porté par des Citoyens d’une rigueur et d’une exigence extrêmes, plus rien n’arrqui serait, à n’en point douter, un développement ! En effet, face à l’énorme retard à rattraper en matière d’infrastructures, le pays afficherait un gt à trente prochaines années, transformant ainsi le développement aujourd’hui phantasmé, en une réalité palpable et mesurable. Le chantage au séparatisme, à la sécession et à la balkanisation ne trouverait plus d’écho nulle par elle au niveau d’un appareil d’Etat devenu aussi v! Le pouvoir judiciaire aujourd’hui perçu par tout le monde comme «le plus grand malade» de l’appareil étatique serait totalement métamorphosé avec la fin de l’impunité sous toutes ses for Comme, selon Mgr Tharcisse TSHIBANGU Lettre pastorale à l’occasion de la fête de Pâques (2005), Diocèse de Mbuyi Mayi., les Congolais seraient dans leur écrasante majorité Unitaristes, il devient aisé de passer, sans coup férir au fédéralisme parce qu’à part une infime minorité de ceux qu’il appelle les «Centralistes», le Congo, à l’instar d’un pays comme les Etats-Unis d’Amérique, serait majoritairement à la fois unitariste et fédéraliste!3. PRISE DE POSSESSION PAR L’URNEPour restituer au vote tout son sens, tout son contenu et toute sa portée, nous proposons la formule qui permettrait de faire sauter le verrou qui, jusqu’aujourd’hui, empêche le véritable décollage du Congo (et de l’Afrique) un décollage qui, au regard de son énorme potentiel de croissance, devrait être fulgurant.La colonisation mentale nous aurait-elle endormis dans le rêve d’un monde où il n’y aurait que des droits et non des devoirs? Comment, par exemple, faire croire qu’en matière de vote, nous n’aurions que des droits et pas de devoirs? Il est vrai que le droit de vote est aujourd’hui un acquis indéniable reconnu à tout citoyen d’un Etat qui se veut démocratique mais, qu’a-t-on fait du devoir qui devrait être intimement accolé à ce droit, àsavoir: LE DEVOIR DE BIEN ELIRE? Peut-on en effet légitimement accorder le droit de vote à quelqu’un dont on n’est pas assuré qu’il accomplirait son devoir d’électeur de façon rationnelle et responsable? La faillite de nos Etats ne serait-elle pas justement due au fait que le Propriétaire du Pouvoir (à savoir, un Peuple averti et exigeant) n’aurait pas coimaire en ne conférant le droit de vote qu’à ceux-là seuls qui l’exercerait avec responsabilité? Lorsqu’on pose cette question, on découvre, comme par enchantement, que c’est justement ce manque de rigueur qui a été de mise dans tous nos pays depuis le retour de la pseudo-démocratisation, au début des années 90!C’est en effet la «folklorisation» du vote qui a tué la démocratisation véritable de l’Afrique en réduisant cette dernière à une simple procédure. C’est parce qu’elle a complètement ignoréle contenu et la substance de la véritable démocratie, que la «démocratisation à l’occidentale» assaisonnée à la sauce africaine, a en effet davantage exacerbé les clivages tribaux, ethniques, géographiques, linguistiques ou religieux, sans pour autant mettre fin, (ni même atténuer de façon significative!!!), le népotisme, le régionalisme, la corruption et la mauvaise gestion institutionnalisées, l’infantilisme politique, le «non développement», les violations répétées des droits et libertés des citoyens, etc. Avec un vote réduit à du simple folklore produisant une démocratie de façade pour ne pas dire caricaturale, le développement à attendre ne pouvait être qu’un développement étriqué. Surtout qu’en matière de développement aussi il se pose le même problème d’appropriation. En effet, d’abord acquit la mentalité du développement. Autrement appelée mentalité pharaonique – celle de bâtisseurs, d’entrepreneurs et de conquérants – c’est cette mentalité nouvelle qui conduirait à la prise de possession du patrimoine congolais suite à la mise en place d’un système électoral totalement adapté aux réalités congolaises en particulier et africaines en général, un système électoral qui, tout en citoyen (tous les 40 à 50 millions d’électeurs attendus aux prochains scrutins gardent leur droit de vote!) veillerait cependant à ce que chaque voix exprimée soit véritablementune voix en or, une voix non susceptible d’être bradée contre une bière, un t-shirt ou un petit billet de banque! Bref, il s’agit sans plus ni moins d’une mise à mort du concept «CHANCE ELOKO PAMBA» et la réhabilitation du mérite, du travail acharné et de l’excellence qui est la voie obligée pour réhabiliter l’intelligentsia congolaise et, par ric! C’est cette vision globale des enjeux et des défis à relever qui éclairerait d’un jour nouveau les stratégies requises pour transformer notre pays en eldorado africain!

CONCLUSION

Au vu de ce qui précède, il y a lieu de conclure que derrière la faillite de l’intelligentsia congol premier rang, le Patron, le Propriétaire du Congo! Ce Patron c’est le Peuple congolais qui jusqu’ici n’avait pas décelé la faille qui le rendait inopérant, inefficace, impuissant!En transformant en or ce bout de papier que chaque citoyen dépose, à intervalles réguliers, dans une!Avec la mort de CHANCE ELOKO PAMBA, un autre Congo, un nouveau Congo dont nous avons toujours rêvé vs et les ambitions que Frantz FANON, Kwame N’KRUMAnotamment lui avaient prédites à l’aube de notre pseudo indépendance. Bref, un Congo qui deviendra eet le monde!Fait à Kinshasa, le 18 juillet 2022 Modeste MBONIGABA

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