RDC : Le geste de Delly Sesanga qui déroute ses soutiens (Tribune Libre)
Par Franklin Bokele Epomi
Dans le tumulte politique congolais où les alliances se font et se défont au rythme des intérêts souvent opaques, certains choix continuent de surprendre, voire de blesser. C’est le cas du récent rapprochement de Delly Sesanga avec l’ancien président Joseph Kabila, un geste inattendu de la part d’un homme politique jusqu’alors perçu comme l’un des symboles d’une opposition constante et éthique au régime passé.
Sans appartenir à son parti politique, j’ai longtemps vu en Delly Sesanga une figure inspirante. Son engagement pour la refondation de l’État, son combat pour les droits des citoyens et sa mémoire fidèle aux martyrs de la démocratie — comme Thérèse Kapangala ou Rossy Mukendi — faisaient de lui un espoir pour une jeunesse désillusionnée.
Mais voilà qu’au moment où l’ancien président Kabila est soupçonné, à tort ou à raison, d’entretenir des proximités dangereuses avec les auteurs de la tragédie du M23, ce même Delly Sesanga semble désormais ouvert à un rapprochement avec lui. Une décision qui laisse perplexe, voire amère, une frange importante de ses partisans et sympathisants.
Car au-delà du geste politique, c’est la symbolique qui dérange. Comment comprendre que celui qui dénonçait avec force les dérives de l’ère Kabila puisse aujourd’hui faire un pas vers une figure qu’il incarnait naguère comme l’anti-modèle ? Quelles sont les motivations derrière cette main tendue ? Stratégiques, patriotiques, ou simplement circonstancielles ?
La jeunesse congolaise a besoin de clarté. Elle ne veut plus d’ambiguïtés, de calculs flous ou d’alliances opaques. Elle veut croire encore en une parole politique sincère, en des trajectoires cohérentes.
À travers cette tribune, je ne cherche pas à condamner, mais à comprendre. Et à inviter Delly Sesanga à s’expliquer. Parce que le silence, dans ce contexte, serait une forme de trahison morale pour ceux qui ont longtemps cru en lui.
Franklin Bokele Epomi,
Citoyen engagé
