RDC/ Société : Yango, ce géant qui saigne les chauffeurs et méprise l’État congolais

Par BCD

Kinshasa s’apprête à vivre un chaos prévisible, mais évitable. À partir du lundi 2 juin 2025, les chauffeurs affiliés à la plateforme Yango déclencheront une grève illimitée, dénonçant un système devenu tout simplement invivable. Et cette fois, le doigt est pointé sans détour : l’origine de la crise, c’est Yango elle-même. Une entreprise qui prospère dans l’ombre, en marge des règles, au détriment des travailleurs congolais et au mépris des institutions de la République.

La vérité que soutiennent les chauffeurs est que depuis son implantation à Kinshasa, Yango n’a jamais réellement été en règle avec l’État congolais. Elle opère dans une zone grise juridique, échappant à toute régulation efficace, tout en imposant des conditions de travail dignes d’un néocolonialisme numérique. La plateforme agit comme un empire sans foi ni loi, dictant ses règles unilatéralement, écrasant ses chauffeurs sous le poids de commissions abusives, et appliquant une grille tarifaire qui ne reflète en rien les réalités économiques du pays.

Aujourd’hui, les chauffeurs disent stop. Asphyxiés par un système qui les broie, fatigués de risquer leur vie sur des routes défoncées sans la moindre prise en compte de leur sécurité, ils refusent de continuer à être les esclaves modernes d’un opérateur qui engrange des profits tout en les maintenant dans une précarité absolue. Et ce, sans jamais rendre compte à l’administration fiscale congolaise, ni respecter les obligations sociales et légales en vigueur.

Pire encore, en plus de la tarification imposée qui frise le ridicule avec des trajets à perte pour les conducteurs – les chauffeurs subissent chaque jour le harcèlement administratif : contrôles arbitraires, amendes injustifiées, intimidation pendant que Yango reste muette et absente, laissant ses partenaires affronter seuls les conséquences d’un système pour lequel elle est pourtant responsable.

Le gouvernement congolais peut-il continuer à fermer les yeux sur un acteur aussi problématique ? Pendant que d’autres entreprises locales se plient aux obligations fiscales, sociales et légales, Yango prospère, sans contribution réelle au développement du pays. C’est une provocation économique doublée d’un mépris institutionnel.

Les conséquences de cette grève seront sévères : paralysie du transport urbain, hausse des difficultés pour les usagers, aggravation de la précarité pour les familles dépendantes de cette activité. Mais le message est clair : les chauffeurs ne veulent plus être sacrifiés. Ils réclament justice, dignité et reconnaissance. Ils exigent une révision immédiate de la grille tarifaire, l’amélioration des conditions de travail, la régulation effective de Yango, et la fin de l’anarchie fiscale dans laquelle elle prospère.

Aujourd’hui, l’heure n’est plus à la patience. L’État doit assumer ses responsabilités, faire respecter la loi, et contraindre Yango à se soumettre aux normes du pays. Il en va de la souveraineté économique du Congo, de la justice sociale, et de la dignité de centaines de chauffeurs qui refusent désormais de courber l’échine.

Yango a imposé le chaos. Les chauffeurs, eux, réclament un avenir. Qui les écoutera ?

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