Europe/Point de vue/la France en déroute:Quand l’État chancelle, que reste-t-il du lendemain?

Yamaina Mandala

Face à une instabilité politique chronique, une dette abyssale et des dirigeants enfermés dans des logiques partisanes, la France semble glisser vers une impasse institutionnelle. Entre démissions en cascade et paralysie budgétaire, le pays s’interroge: quel avenir pour la République?La France traverse une tempête politique sans précédent. En l’espace d’un an, trois Premiers ministres ont été nommés… et défaits. Le dernier en date, Sébastien Lecornu, n’a même pas eu le temps de réunir son gouvernement avant de présenter sa démission ce lundi 6octobre 2025. Ce gouvernement, mort-né, est le symbole d’un système institutionnel à bout de souffle, d’une démocratie parlementaire paralysée par les calculs partisans, et d’un pays qui vacille sous le poids de sa propre dette.La France est surendettée. Avec une dette publique dépassant les 3 300 milliards d’euros, les marges de manœuvre budgétaires sont inexistantes. Les projets de réduction des dépenses, portés par Michel Barnier puis François Bayrou, ont tous été rejetés par une Assemblée fragmentée et incapable de produire un consensus. Le dernier projet budgétaire, censé être présenté avant le 13 octobre, est désormais orphelin. Pendant ce temps, les marchés s’affolent: le CAC 40 chute, les taux d’emprunt grimpent, l’euro recule.Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, le pays est ingouvernable. Trois blocs s’affrontent sans majorité claire: la droite traditionnelle, le centre macroniste et une gauche divisée. Le «socle commun» voulu par Emmanuel Macron n’a pas tenu. Les Républicains ont claqué la porte, les socialistes réclament des mesures sociales fortes, et les extrêmes – La France Insoumise et le Rassemblement National – appellent à la destitution ou à la dissolution. Le président se retrouve isolé, contesté, et sans relais politique stable.Ce qui frappe dans cette crise, c’est l’incapacité des responsables politiques à dépasser leurs intérêts partisans. Chaque nomination devient un jeu d’équilibre, chaque réforme un champ de bataille. Le retour de Bruno Le Maire, pourtant critiqué pour sa gestion économique passée, a été la goutte de trop. Plutôt que de chercher le salut collectif, les partis s’enferment dans des postures, refusant de tendre la main ou de faire des compromis.La question n’est plus seulement politique, elle est existentielle. Que devient une nation quand ses institutions ne fonctionnent plus, quand ses dirigeants ne gouvernent plus, quand ses citoyens ne croient plus? Le risque est grand: désaffection démocratique, montée des extrêmes, paralysie économique. S’achemine-t-on finalement vers la démission du président Macron avant son dernier mandat qui s’achève en 2027, ou plutôt assistera-t-on à énième dissolution de l’Assemblée nationale ? Les prochains jours nous permettront d’y voir un peu plus clair.

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