Europe:La montée de l’extrême-droite inquiète(Tribune)

Par YAMAINA MANDALA


Les élections qui se sont déroulées le dimanche 9 juin 2024 sur l’ensemble de pays d’Europe, ont abouti à la montée fulgurante de l’extrême-droite. Partout, les partis qui s’en réclament ont pris le devant, reléguant en arrière d’autres formations politiques qui prônent des idéologies contraires.
En France, Emmanuel Macron ne s’est pas empêché de dissoudre l’Assemblée nationale. Les partis politiques qui sortent à peine de la campagne européenne, devront à nouveau consulter le peuple pour solliciter un nouveau mandat à la nouvelle assemblée nationale. Un gros risque pris par le président français, si l’on se rappelle ce qui s’était passé dans l’Hexagone depuis le général Charles De Gaulle, François Mitterrand, Jacques Chirac.
Face à cette situation, a-t-on suffisamment pris conscience de la montée de l’extrême-droite en Europe, et quelle leçon en a-t-on tiré en Afrique? La question taraude les esprits un peu partout. Bien que nos dirigeants n’aient pas encore réagi publiquement à ce propos, les observateurs sont déjà montés en première ligne pour tenter d’expliquer ce qui nous attend demain dans nos rapports avec les pays du Nord. Car, qu’on le veuille ou non, plus rien ne sera comme avant.
Pour ma part, je partage totalement l’analyse du Pays, un journal paraissant dans la capitale burkinabé, qui explique qu’«au-delà de la question migratoire, cette montée des nationalismes en Europe intervient dans un contexte d’une Afrique en pleine mutation, où de plus en plus de pays africains invoquent la question de leur souveraineté dans le choix et la diversification de leurs partenaires. De ce point de vue, estime encore ce journal, la montée de l’extrême droite en Europe pourrait être un mal ou un bien pour l’Afrique. En ce qu’elle sonnerait comme une interpellation au continent noir à s’assumer pleinement. Et c’est peu dire qu’une telle situation mettrait les dirigeants africains face à leurs responsabilités en les obligeant à trouver des solutions innovantes à la crise migratoire pour fixer les Africains sur un continent qui a besoin de la force des bras et de l’intelligence de ses fils pour amorcer son vrai développement.»
Certes, les partis de gauche, comme la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le parti socialiste, bref ceux qui ont horreur de l’extrême-droite vont se battre pour empêcher l’accession au pouvoir des nationalistes. Il en sera de même pour les Français installés en Afrique qui « ont voté majoritairement pour les partis de gauche aux élections européennes du 9 juin.». Il leur faudra donc se mobiliser fortement pour qu’en France, notamment, Marine Le Pen, Jordan Bardella et bien d’autres ne parviennent pas à former la majorité pour diriger ce pays.
Ainsi qu’on peut le constater, le moment est venu pour nos dirigeants qui ne se sont pas émus comme il se devait, de voir la mer Méditerranée se transformer en un cimetière des Africains désireux d’aller humer l’air frais en Europe, de revoir leurs méthodes de gestion dans le but de faire cesser ces flux migratoires. Ce ne sont pas les moyens qui nous manquent. Mais plutôt la volonté politique des dirigeants. Réinventer des programmes de développement en mettant l’accent sur la création d’emplois en faveur des jeunes, redistribuer des richesses longtemps accaparées par des minorités au pouvoir, serraient des actions susceptibles de garder des jeunes Africains dans leurs pays. Les images de migrants refoulés sans aucun respect des droits humains, ou qui errent affamés et assoiffés dans le désert du Sahara, devraient interpeller davantage nos dirigeants. D’un mot, il leur faut mettre en route, de manière urgente, des actions courageuses et innovantes susceptibles de permettre le développement de nos pays grâce à l’apport surtout des jeunes.

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