RDC/Point de vue:Les églises de réveil éclaboussées par des scandales !

Par YAMAINA MANDALA

Ces derniers mois, les églises dites de réveil sont secouées par des scandales attribués à leurs responsables. Aussi bien sur quelques chaînes de télévision –qui semblent encourager des balivernes- que sur les réseaux sociaux, ceux qui ont pris les noms tirés de la Bible: « apôtres, évangélistes, prophètes, pasteurs, bishops, etc. livrent des révélations qui font froid dans le dos: cérémonies de délivrance montées, abus sexuels sur les femmes d’autrui, accointances avec les régimes en place, fétiches pour remplir les églises et faire des prodiges; pratique de la magie noire. Tout y passe, au point de laisser pantois ceux qui, pourtant, leur avaient fait confiance, et quitté leurs églises d’origine. 

Au départ, le discours qui a fait mouche était celui de la délivrance et de la prospérité. Et pour se donner du succès, les « envoyés » de Dieu se sont mis à tirer à boulets rouges sur l’Eglise catholique, qu’un vendeur d’illusions est même allé jusqu’à comparer à «l’antichambre de l’enfer». De quoi rire!  Et puisque la vérité finit par éclater au grand jour, le vrai visage de ces «nouveaux messies» apparait maintenant dans sa réelle dimension. A cela rien de surprenant. Depuis plus d’une décennie, toutes les communes de la ville de Kinshasa sont envahies par des églises de réveil qui naissent un peu à la manière des partis politiques. Les pasteurs préfèrent surtout les quartiers populaires où les gens vivent dans la précarité.  Une enquête menée en 2017 dans un quartier d’une vieille commune par les étudiants d’un Institut supérieur de Kinshasa, avait permis de noter qu’on trouve des dizaines d’églises sur chaque avenue, les unes à quelques mètres des autres.  Ces églises sont pour la plupart le résultat des conflits entre les dirigeants de certaines d’entre elles, tandis que d’autres sont créées sur base de la révélation du responsable ou d’un groupe de fondateurs. A y regarder de plus près, ces églises, pour la plupart, n’ont de divinité que de nom. 

Les pasteurs ont même vu le jour dans la diaspora congolaise en Europe et en Amérique.  Et comme on le sait, ces églises ne tiennent pas compte des jours et heures de prière. Elles se livrent aussi à un tapage nocturne insupportable. 

Pour impressionner leurs fidèles, les pasteurs, les prophètes, les évangélistes, les bishops et les apôtres portent de belles vestes avec comme message: «Vous demeurez pauvres parce que vous ne donnez pas des dîmes et des offrandes à Dieu». 

«La vocation qui, autrefois, s’avérait divine, a basculé en une simple piste par laquelle se jettent certains jeunes et vieux pour se faire de l’argent, en transformant des églises en des kiosques religieux, ne prêchant que la prospérité, le voyage, le mariage, le succès, le visa», déplorent beaucoup aujourd’hui. Et voilà que leurs forfaits sortent de plus en plus sur la place publique. Plus grave: face à l’appât du gain, certains musiciens dits chrétiens se transforment du jour au lendemain en chefs d’église pour bien gagner de l’argent. Des choses qui ne devraient pas figurer dans leur programme étant donné leur prétention d’être des serviteurs de Dieu. 

Et ces abus passent sous silence au nom d’une mauvaise interprétation du Psaume 105: 15 où le Seigneur dit: « Ne touchez pas à mes oints, et ne faites pas de mal à mes prophètes ». La question que tout le monde se pose est de savoir si tout celui qui se place devant la chaire est un oint de Dieu. Car, dans quelques passages bibliques, notamment Matthieu et Thessaloniciens, il est écrit: « Si quelqu’un vous dit alors: Le Christ est ici, ou: Il est là, ne le croyez pas.  Car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes; ils feront de grands prodiges et des miracles, au point de séduire, s’il était possible, même les élus.  Voici, je vous l’ai annoncé d’avance.  Gardez-vous des faux prophètes. Ils viennent à vous en vêtements de brebis, mais au dedans ce sont des loups ravisseurs.»

Evidemment, tous les pasteurs ne sont pas à mettre dans ce panier. Certains d’entre eux, les vrais ceux-là, expliquent que «L’apparition des églises de réveil n’est pas une mauvaise chose. Elle n’est pas non plus à confondre avec le commerce, comme le prétendent nombre de compatriotes. Notre mission est de ramener le peuple de Dieu sur le droit chemin. Lui enseigner l’Evangile pour le salut éternel».

D’autres ajoutent que les pasteurs d’églises de réveil ne sont pas tous pareils. Il y en a qui exercent leurs ministères dans la crainte de Dieu. Il s’agit des pasteurs qui ont réellement reçu l’appel de Dieu. Par contre, il en existe ceux qui ont quelque peu dévoyé l’évangile. Il nous appartient donc de bien discerner afin de séparer le bon grain de l’ivraie, tel que nous le recommande la Bible», martèlent-ils. 

De toutes les façons, les observateurs pensent que la balle se trouve plutôt du côté de l’Etat qui devrait réglementer la fondation d’une église de réveil d’autant que c’est la vie de la population qui est concernée. 

L’on est d’avis qu’une loi organique devrait fixer les conditions de création du nombre d’églises dans une même aire, la distance devant séparer une église de réveil d’une autre, le profil du pasteur, etc. Puisque cela ne se fait toujours pas, alors bonjour les dégâts !
YAMAINA MANDALA

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