RDC/Politique : De la Conférence Nationale Souveraine à Doha, plus de 30 ans de pourparlers interminables [Tribune]

Par Frederick Lem Amisa

L’histoire de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis la Conférence Nationale Souveraine (CNS) jusqu’aux récents pourparlers de Doha est malheureusement marquée par une longue série de dialogues et de négociations qui n’ont pas réussi à apporter une paix et une stabilité durables au pays.
La Conférence Nationale Souveraine, qui s’est tenue de 1991 à 1992, avait suscité beaucoup d’espoir pour une transition démocratique après des décennies de régime autoritaire. Cependant, ses recommandations n’ont pas été pleinement mises en œuvre, ouvrant la voie à une période de troubles politiques et de conflits armés.
Depuis lors, la RDC a connu de nombreux autres cycles de pourparlers, de dialogues et de tentatives de médiation, tant au niveau national qu’international. On peut citer, entre autres :

  • Le Dialogue Intercongolais de Sun City (2002-2003): Visant à mettre fin à la deuxième guerre du Congo, il a abouti à un accord de partage du pouvoir, mais n’a pas réussi à résoudre toutes les tensions sous-jacentes.
  • Les Concertations Nationales (2013): Organisées pour discuter des réformes électorales et d’autres questions politiques, elles ont été critiquées pour leur manque d’inclusivité et leur incapacité à produire des résultats concrets.
  • Les Dialogues Politiques sous l’égide de l’Union Africaine (2016-2017): tentatives de résoudre la crise politique liée au report des élections, elles ont abouti à des accords fragiles et contestés.
  • Les Pourparlers de Doha (2025): les récents pourparlers au Qatar entre le gouvernement congolais et le groupe armé M23 représentent une nouvelle tentative de trouver une solution pacifique au conflit dans l’est du pays. Leur succès reste incertain.
    Il est vrai que ces nombreuses initiatives de pourparlers témoignent d’une volonté de rechercher des solutions pacifiques aux crises que traverse la RDC. Cependant, le fait qu’elles se soient succédé pendant plus de 30 ans sans apporter une paix définitive soulève des questions importantes sur les raisons de ces échecs et sur les conditions nécessaires pour parvenir à un règlement durable.
    Plusieurs facteurs peuvent expliquer la difficulté à traduire ces pourparlers en résultats concrets :
  • Le manque d’une vision partagée et d’un engagement sincère de tous les acteurs.
  • La persistance de profondes divisions politiques, ethniques et économiques.
  • L’ingérence de puissances régionales et internationales aux intérêts divergents.
  • La faiblesse des institutions étatiques et le manque d’état de droit.
  • Le non-respect des accords conclus et le manque de mécanismes de mise en œuvre efficaces.

La situation actuelle en RDC, avec la reprise des violences dans l’est du pays, souligne l’urgence de tirer des leçons de ces décennies de pourparlers infructueux. Il est crucial d’adopter une approche plus inclusive, de s’attaquer aux causes profondes des conflits et de garantir la mise en œuvre effective des engagements pris pour que les prochaines tentatives de dialogue puissent enfin apporter la paix tant attendue par le peuple congolais. Nous appelons tous les leaders politiques à se sacrifier pour une véritable paix tant attendue par le peuple congolais, afin de briser la malédiction de l’instabilité qui caractérise ce pays, depuis 1960.

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