RDC/Société : les discours de haine et l’intolérance politique susceptibles d’embraser le pays, si l’on y prend garde
Par Frederick Lem Amisa
Depuis la recrudescence du conflit dans l’Est de la République, l’on assiste impuissant à des discours de haine, à l’intolérance aux proportions inimaginables. L’arène politique est devenue le lieu où certains acteurs injectent le vénin de la division, et surtout de l’intolérance. De l’injure à l’attribution de la nationalité étrangère, en passant par le faciès, tous les moyens immoraux se présentent bons pour salir l’image de l’adversaire. Du président Tshisekedi au Congolais lambda, personne n’en est épargné.
Mais Hélas ! Avec quelles conséquences à l’avenir ?
Conflits historiques aux conséquences néfastes
L’histoire nous enseigne que les discours de haine et d’intolérance propagés par des figures politiques ont un potentiel désastreux pour attiser les tensions, exacerber les divisions ethniques et politiques, et ultimement, conduire à la violence et à des conflits généralisés.
Plusieurs facteurs rendent la RDC particulièrement vulnérable à ce type de discours :
- Un passé de conflits interethniques et politiques : le pays a une histoire marquée par des conflits souvent alimentés par des considérations ethniques et des manipulations politiques. Les discours de haine peuvent réactiver ces blessures et raviver d’anciennes animosités.
- Des tensions politiques persistantes : Les périodes électorales et les moments de compétition politique intense sont souvent propices à l’instrumentalisation des identités et à la diffusion de discours polarisants.
- La fragilité des institutions : Des institutions faibles et un état de droit parfois inégalement appliqué peuvent créer un environnement d’impunité où les auteurs des discours de haine se sentent protégés.
- L’influence des médias et des réseaux sociaux : La rapidité et la portée des canaux d’information modernes, y compris les réseaux sociaux, peuvent amplifier la diffusion des messages de haine et rendre leur contrôle difficile.
- Des griefs socio-économiques : Les inégalités, le chômage et le manque d’opportunités peuvent être exploités par des acteurs politiques qui cherchent à mobiliser le ressentiment populaire en désignant des boucs-émissaires.
Il est crucial que les acteurs politiques en RDC fassent preuve de responsabilité et s’abstiennent de tout discours incitant à la haine, à la discrimination ou à la violence. Les autorités ont également un rôle essentiel à jouer dans la surveillance et la sanction de tels propos, conformément à la loi.
La société civile, les organisations religieuses, les médias et les citoyens ont également un rôle important à jouer en promouvant un discours de paix, de tolérance et d’unité, et en déconstruisant les narrations haineuses.
Notre alerte est opportune et souligne la nécessité d’une vigilance constante pour prévenir une escalade de violence alimentée par des discours toxiques.
Souvenons-nous des conflits ci-après :
Conflit entre Tutsis et Hutus chez nos voisins, dont les conséquences nous affectent toujours; conflit Kasaiens et katangais; Hema et Lendu; kamwinansapu, les affrontements communautaires de Yumbi; et plusieurs autres conflits qui ont ensanglantés ce pays.
Nous appelons à la retenue. Que les autorités découragent ces semeurs des troubles, car nous pouvons amèrement le regretter. La RDC est une terre de paix, et les Congolais doivent se tolérer mutuellement, pour une bonne cohésion.