RDC/Tribune : À quand une banque purement congolaise ?
Par YAMAINA MANDALA
Les autorités congolaises appellent les populations à travailler pour assurer le développement du pays. L’on dit que le but final est l’émergence de la RDC. Tout cela est bien beau. Mais, dans un pays en voie de développement comme le nôtre, peut-on envisager d’aller loin sans une banque purement congolaise? Telle est la question que les congolais continuent de se poser.
Les économistes expliquent que la principale fonction d’une banque est de recueillir des fonds, appelés dépôts, de les assembler et de les prêter à ceux qui en ont besoin. Par ailleurs, une banque est l’intermédiaire entre les déposants (qui leur prêtent de l’argent) et les emprunteurs (à qui elles en prêtent).
De même, la mission d’une banque de développement est de favoriser l’investissement de capitaux publics et privés, dans des programmes et projets de nature à contribuer au développement économique et social. Toutes ces définitions montrent l’importance d’une banque dans un pays qui tient à développer son économie. Cependant, à ce jour, notre pays ne dispose pas d’une banque à capitaux purement congolais.
La seule banque purement congolaise qui restera marquée en lettres d’or dans l’histoire nationale, est la Banque de Kinshasa fondée en 1969, par Augustin Dokolo Sanu. C’est la première banque à capitaux nationaux en Afrique subsaharienne. Avec un capital initial de 300.000 Zaïres, l’équivalent de 600.000 dollars, qui a atteint 10.474.875 Zaïres en 1983, la Banque de Kinshasa restera la plus grande réalisation de sa vie. Pendant plus de seize années, cette entreprise a réussi à évoluer au gré des contraintes économiques de son temps.
Malheureusement, en 1974, la Banque de Kinshasa est victime des mesures de radicalisation, même si, deux ans plus tard, l’Etat congolais se ravise et restitue la Banque en reconnaissant à Dokolo Sanu tous ses droits sur ladite banque. La BK emploie plus de 1.500 personnes dans le pays en 1984. Grâce à un réseau d’une vingtaine d’agences réparties à travers le pays, elle a contribué à favoriser le développement économique dans un contexte difficile.
Ce self made man né à Mbanza-Ngungu le 16 mars 1935, et décédé à Paris le 12 avril 2001, à l’âge de 66 ans, qui aura également été le premier manager du célèbre saxophoniste camerounais, Manu Dibango, reste un modèle de réussite, un passionné de l’Afrique, des arts et de la culture. On en veut pour preuve, son ouvrage intitulé « Telema Congo » reprenant des textes de conférences données par lui entre 1960 et 1965, et dont le message reste étonnamment actuel.
Depuis lors, la RDC ne dispose plus d’une banque à capitaux nationaux. Et puisque la nature a horreur du vide, d’autres banques étrangères sont venues occuper tout l’espace économique de notre pays. Plus d’une dizaine d’institutions bancaires étrangères ont envahi le territoire national, avec des agences installées dans toutes les provinces.
C’est par ces banques que transitent aujourd’hui les salaires des fonctionnaires de l’Etat, sans oublier les agents d’entreprises publiques et privées. Dès lors, au lieu de continuer à agréer des banques étrangères qui tirent –même si elles ne le reconnaissent pas, d’immenses profits de leurs investissements en RDC, pourquoi le gouvernement congolais ne prendrait-il pas l’initiative d’inciter ceux qui disposent de gros moyens financiers, à les mettre ensemble pour constituer une banque véritablement congolaise.
La situation actuelle du secteur bancaire dominé par des expatriés mérite d’être très vite rééquilibrée. Elle ne favorise pas du tout le développement dont il est tant question.