Monde/ Les origines du conflit entre l’Iran et Israël et les conséquences économiques et géopolitiques des affrontements des 3 derniers jours [Tribune]

Par Frederick Lem Amisa

Le conflit entre l’Iran et Israël, qui a connu une escalade significative ces derniers jours, trouve ses racines dans une histoire complexe de changements géopolitiques et d’idéologies antagonistes.

Origines du conflit Iran-Israël :

Historiquement, les relations entre l’Iran (sous la dynastie Pahlavi) et Israël étaient plutôt étroites. Cependant, la Révolution islamique de 1979 en Iran, menée par l’ayatollah Rouhollah Khomeini, a radicalement transformé cette dynamique. Le nouveau régime iranien a adopté une position anti-israélienne virulente, considérant Israël comme une « entité sioniste illégitime » et un instrument de l’impérialisme occidental dans la région.

Plusieurs facteurs clés expliquent cette hostilité :

Idéologie islamiste radicale de l’Iran : La République islamique d’Iran s’est fondée sur des principes théocratiques qui s’opposent fondamentalement à l’existence d’Israël, en particulier au regard de la question palestinienne et du statut de Jérusalem. L’Iran soutient activement des groupes qui s’opposent militairement à Israël, tels que le Hamas, le Hezbollah et le Jihad islamique palestinien.

Programme nucléaire iranien : Israël considère le programme nucléaire iranien comme une menace existentielle. La doctrine israélienne de « Begin » stipule qu’Israël ne peut tolérer qu’un État hostile dans la région développe l’arme nucléaire. Cela a conduit à des efforts intenses de la part d’Israël pour perturber le programme iranien par divers moyens, y compris des frappes ciblées et des cyberattaques.

Conflit par procuration (guerre froide au Moyen-Orient) : L’Iran et Israël s’affrontent souvent par l’intermédiaire de forces mandataires dans la région. L’Iran soutient l’« Axe de la Résistance », qui inclut le Hezbollah au Liban, des milices chiites en Irak et en Syrie, et les Houthis au Yémen. Israël, de son côté, mène des opérations militaires en Syrie et au Liban pour contrer l’influence iranienne et les transferts d’armes au Hezbollah.

Affrontement direct et clandestin : Au fil des décennies, le conflit a également pris la forme d’opérations clandestines, d’assassinats ciblés de scientifiques iraniens, de cyberattaques et d’attaques maritimes.

Conséquences économiques et géopolitiques des affrontements des 3 derniers jours (à partir du 13 juin 2025) :

Les affrontements récents, qui ont vu Israël frapper des sites militaires et nucléaires en Iran, et Téhéran riposter avec des tirs de missiles et de drones sur Israël, ont des conséquences immédiates et potentiellement dévastatrices :

Conséquences économiques :

Flambée des prix du pétrole : Le Moyen-Orient est une région clé pour l’approvisionnement mondial en pétrole. Toute escalade militaire majeure dans cette région entraîne inévitablement une hausse des prix du brut, en raison des craintes de perturbations de l’approvisionnement. Cela pourrait potentiellement mener à une crise énergétique mondiale.

Perturbations du trafic aérien et maritime : La fermeture de l’espace aérien et maritime dans la région, comme la fermeture temporaire de l’aéroport Ben Gourion en Israël et les interférences avec le trafic maritime dans le détroit d’Ormuz (une voie de transit pétrolier cruciale), a un impact direct sur le commerce international et le transport.

Coûts militaires élevés : Les frappes et les interceptions de missiles sont extrêmement coûteuses. Les opérations militaires récentes ont déjà coûté des sommes considérables aux deux pays, mettant une pression financière supplémentaire sur leurs budgets de défense.

Impact sur les marchés financiers : L’incertitude géopolitique générée par le conflit entraîne une volatilité des marchés boursiers et une fuite vers les valeurs refuges (comme l’or et le franc suisse).

Conséquences géopolitiques :

Risque d’embrasement régional : L’escalade directe entre l’Iran et Israël augmente considérablement le risque d’une guerre régionale plus large, impliquant les alliés et les mandataires des deux camps (Hezbollah, milices irakiennes, Houthis, etc.). Cela pourrait déstabiliser davantage un Moyen-Orient déjà fragile.

Implication des États-Unis et d’autres puissances : Les États-Unis, principal allié d’Israël, sont sous pression pour réagir. L’Iran, de son côté, perçoit un soutien américain aux actions israéliennes. Toute attaque iranienne sur des cibles américaines dans la région pourrait entraîner une implication directe des États-Unis, avec des conséquences imprévisibles.

Accroissement des tensions autour du programme nucléaire iranien : Les frappes israéliennes sur les sites nucléaires iraniens visent à entraver le programme de Téhéran. Cependant, ces actions pourraient paradoxalement pousser l’Iran à accélérer son programme ou à se retirer de ses engagements internationaux en matière nucléaire, rendant encore plus difficile un accord diplomatique.

Pression sur les relations diplomatiques : Les efforts diplomatiques pour désamorcer la situation sont devenus plus complexes. Les pays du Golfe, bien que souvent en désaccord avec l’Iran, craignent les répercussions d’un conflit régional et cherchent à éviter d’être entraînés.

Fragilisation des régimes en place : La continuation et l’intensification du conflit pourraient exacerber les tensions internes et la fragilité des régimes dans la région, menant à de nouvelles crises humanitaires et à des déplacements de populations.

En somme, les affrontements des trois derniers jours marquent une nouvelle étape dans le conflit Iran-Israël, augmentant considérablement les risques d’une confrontation ouverte avec des répercussions économiques et géopolitiques profondes, non seulement pour le Moyen-Orient, mais aussi pour l’ensemble de la communauté internationale.

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