RDC : 1960-2024 ou 64 ans de tragédie ! [Tribune]
Par Frederick Lem Amisa
À l’occasion de la fête de l’indépendance le 30 juin, notre rédaction, tout en gardant un esprit festif, préfère mettre en relief les tragédies que nous vivons depuis notre accession à l’indépendance à nos jours. Loin de nous l’idée de gâcher la fête, mais l’idée demeure d’éveiller les congolais.
. La chronologie des événements tragiques
L’histoire de notre pays est confondue aux événements malheureux, car nous avons une situation existentielle très difficile. Selon certaines informations fiables, les meurtres, la famine et la maladie ont causé la mort de jusqu’à 10 millions de congolais au cours des 23 premières années du règne de la Belgique de 1885 à 1960, lorsque le Roi léopold ll a gouverné l’Etat Indépendant du Congo en tant que fief personnel et la Belgique comme pays colonisateur. De 1960, jusqu’au moment où nous mettons sous presse cet article, la RDC voit malheureusement se succéder des événements tragiques.
Le 04 juillet 1960, les militaires du Camp militaire Léopold dans la capitale, et ceux de Thysville signent une pétition pour l’africanisation des cadres de la force publique. Le lendemain ont lieu les premières mutineries orientées contre Lumumba et le commandant de la force publique Janssens.
Le 11 juillet 1960, soit moins de deux semaines après l’indépendance du Congo, Moïse Tshombe proclame l’indépendance du Katanga avec l’appui de la puissante Union minière du haut katanga (UMHK) et demande de l’aide logistique à la Belgique. Un mois après, soit le 09 août de la même année, Albert Kalonji qui avait assit son pouvoir au pays de baluba va proclamer à son tour l’indépendance de la Province du Kasaï.
Le 14 septembre 1960 le président Mobutu fait son premier coup d’état en mettant en place un gouvernement temporaire appelé le collège des commissaires généraux. Devant les caméras, Mobutu accuse Patrice Lumumba de sympathie pro-Urss.
Le 17 janvier 1961, le tout premier ministre chef du gouvernement du Congo Indépendant est assassiné à Lubumbashi. Ce drame ouvrira la porte à l’insécurité généralisée dans le pays.
Le 05 août 1964, la rébellion Simba installe son état-major à Stanleyville ( Kisangani) et forme un gouvernement nommé » République Populaire du Congo « , dont Christophe Gbenye est le président, et Gaston Soumialot ministre de la défense. C’est dans cette rébellion que l’on decouvrira un certain Laurent Désiré Kabila.
En 1965, un bras de fer oppose le président Joseph Kasavubu au premier ministre Moïse Tshombe. Ce dernier est démis de ses fonctions, et dans cette instabilité le Général Mobutu sous la bénédiction de la CIA et de la Sûreté Belge prend le pouvoir le 25 novembre. Une sévère repression s’abat sur les opposants au régime. Et, l’ex-premier ministre Evariste Kimba et trois autres ex-ministres seront exécutés en 1966.
En 1971 le Congo deviendra Zaïre sous la dictature Mobutienne, et durera plus de 30 ans.
De 1973 à 1974, le pays est touché par une crise économique aiguë, due à la baisse des prix du cuivre et l’augmentation de ceux du pétrole, que le monde appellera » Choc pétrolier « . La corruption se généralise et l’inflation devient galopante, tandis que Mobutu privatise de nombreuses entreprises appartenant aux expatriés au nom de ses proches, privant aux étrangers leurs unités de productions. Ce processus appelé Zarianisation, détruira le tissu économique du pays, avec des conséquences néfastes jusqu’aujourd’hui.
En 1977, le pays fera face à la première guerre du Shaba ou la guerre de 80 jours. Ce conflit opposera le Zaïre et l’Angola. Cette guerre fut sans doute une conséquence de l’appui apporté par notre pays au FNLA et à l’UNITA pendant la guerre civile Angolaise. Le 13 mai 1978 débutait la deuxième guerre de Shaba ou la guerre de six jours. Les gendarmes Katangais récidivent leur offensive organisée par des officiers Est-allemands. 3000 et 4000 hommes du FLNC concentré à Caïnda en Angola et organisés en 11 bataillons de plus ou moins 300 hommes, s’infiltrent au Zaïre depuis la Zambie.
L’opération « CHICAPA » (Colombe) peut alors être lancée, avec Lubumbashi pour objectif final.
Dans la nuit du 11 au 12 mai 1990, les étudiants de l’université de Lubumbashi, UNILU en sigle, vont constater la disparition d’une vingtaine de leurs camarades. Ce massacre sera appelé LITITI MBOKA.
En 1991 et 1993, nous allons vivre un pillage et des émeutes des forces armées zaïroises impayés et affamés. Les magasins, supermarchés, etc, seront pris d’assaut par les militaires. Ces émeutes seront un signe précurseur de la fin de Mobutu.
De 1991 à 1992 débutera la Conférence Nationale Souveraine CNS en sigle, qui aura pour but de sortir du chaos et de former un gouvernement représentant la population entière. Ces assises organiseront un vote par lequel Étienne Tshisekedi wa Mulumba le père du président Félix Tshisekedi sera élu Premier ministre chef du gouvernement. Il ne fera que quelques jours.
En 1994 la RDC subira avec la venue massive des réfugiés , les premières conséquences du Génocide Rwandais.
Le 17 mai 1997, le Maréchal Mobutu est renversé à son tour par l’Afdl, qui était une rébellion dirigé par Laurent Désiré Kabila, le père de l’ex-president Joseph kabila.
Le 02 août 1998 débutera la deuxième guerre du Congo, et qui prendra fin le 19 avril 2002 avec la signature à Sun City en Afrique du Sud de l’accord global et inclusif. Cet accord mettra en place un gouvernement entre les belligérants, jusqu’à l’organisation des premières élections.
Le 05 novembre 2013, les FARDC ont vaincus le M23, après les avoir délogés de leurs derniers retranchements.
Le 14 juin 2022, nous assisterons à la prise de la cité frontalière de Bunagana par le M23, toujours avec le soutien du Rwanda. Et jusqu’au moment où nous mettons sous presse notre article, les combats font rage à l’Est du pays, avec des déplacés et des morts dans la population.
Voilà grosso modo, les tragédies que nous vivons depuis l’indépendance. Qu’à cela ne tienne, nous vous souhaitons une bonne fête de l’indépendance, et le Congo vaincra.