RDC/Détournement présumé au ministère de l’Environnement : Ève Bazaiba peine à convaincre
Par Obed BISIDI
La ministre d’État en charge de l’Environnement, Ève Bazaiba, tente de se défendre face à de lourdes accusations de détournement de fonds liés au projet gouvernemental de plantation d’un milliard d’arbres. Mais sa ligne de défense, jugée peu convaincante, continue de faire polémique.


Dans un communiqué publié le 31 mai et signé par son conseiller en communication, la MinÉtat Bazaiba rejette en bloc les accusations portées contre elle. Elle renvoie plutôt la responsabilité au Fonds Forestier National (FFN), une structure sous tutelle de son ministère, en pointant directement du doigt son président du conseil d’administration, Rigobert Kuta Mwana-Kuta, ainsi que son directeur général, Honoré Mulumba Kalala, tous deux suspendus récemment à titre conservatoire.
Une ligne de défense fragile
Cette mise au point, loin d’apaiser les tensions, suscite de vives réactions au sein de l’opinion publique et des observateurs avertis. Nombreux sont ceux qui y voient une tentative maladroite de se dédouaner en désignant des boucs émissaires qui ne sont, ni de près ni de loin, impliqués dans les accusations initiales de détournement.
En effet, la correspondance de la Première ministre Judith Suminwa adressée le 13 janvier dernier au ministère de l’Environnement et qui a conduit à la suspension conservatoire des responsables du FFN évoque un « climat malsain » au sein de l’établissement public. Elle fait état de tensions persistantes entre le PCA et le DG du FFN, mais ne mentionne à aucun moment des faits de détournement.
Dès lors, la tentative de la ministre d’État de rattacher les soupçons de malversation à ces deux responsables apparaît, pour beaucoup, comme un écran de fumée. La MINETAT Bazaiba devrait adopter une posture plus responsable et apporter des éclaircissements fondés, au lieu de détourner l’attention.
Un contexte politique délicat
La question du détournement des fonds destinés à la campagne de reboisement d’envergure nationale constitue un dossier sensible, dans un contexte où le gouvernement prône la transparence et la bonne gouvernance. Le programme d’un milliard d’arbres, symbole fort de l’engagement environnemental de la RDC, ne peut souffrir d’irrégularités financières sans ternir durablement l’image des institutions impliquées.
En définitive, la MinÉtat Ève Bazaiba est face à un choix stratégique : continuer à botter en touche ou affronter les accusations avec des preuves concrètes et un discours cohérent. À défaut, le doute pourrait continuer à s’installer au risque de nuire à la crédibilité de son ministère.