RDC/Greenpeace-GS:Ses demandes n’étant souvent pas bien documentées.Le Ministère de l’environnement dément les allégations de Greenpeace

Par Jean-Marie Basa

Depuis l’établissement, sur le sol congolais, d’une antenne de cette organisation internationale, les relations qu’elle entretient avec les autorités gouvernementales n’ont jamais été au beau fixe. A plusieurs reprises, les rapports qu’elle publie sur l’exploitation du massif forestier de notre pays, sont très vite mis en cause aussi bien par le Ministère en charge de l’environnement, conservation de la nature et développement durable, que par des organisations non gouvernementales congolaises évoluant dans ce secteur. C’est de la sorte qu’elle est accusée de travailler très souvent selon la logique de ses bailleurs de fonds, plutôt que dans le sens d’accompagner le gouvernement de la RDC dans la mise en application de son programme de préservation de la nature, et la contribution du secteur forestier au développement du pays.
Une fois de plus, donc, Greenpeace Afrique est sur la sellette. Ce, pour avoir demandé au président de la République, Félix Tshisekedi, d’ordonner l’annulation immédiate de quatre contrats de concession forestière illégaux signés le 11 juin 2020 par le ministre de l’Environnement et développement durable, Claude Nyamugabo. Greenpeace Afrique va même plus loin, en demandant au procureur général de la République de se saisir de cette affaire. Il s’agit là d’une grave accusation qui intervient à l’heure où le chef de l’Etat prône l’état de droit et la restructuration de l’espace politique congolais, laquelle devra se traduire bientôt dans la formation du nouveau gouvernement.
Très rapidement, les accusations de Greenpeace ont été battues en brèche par les dirigeants du Groupe Services qui travaillent depuis des années dans le secteur forestier, et qui détiennent une expérience indéniable dans la maîtrise et l’exécution des tâches de nettoyage courant. Cette structure est dirigée par son Pdg André Boluka Bomoh Lokolo, un ancien actionnaire de la société kiroise de bois-SOKIBOIS-, tandis que son directeur du département agriculture et développement forestier n’est autre que Louison Ngwo Ekolonga, ancien ministre provincial de l’Environnement de la province de Bandundu. Il sied de signaler que trois des quatre concessions concernées par les contrats se situent dans la province de Mai-Ndombe, et une dans celle du Bas-Uélé.
Un demandeur qui remplit toutes les conditions.
De son côté, le cabinet du ministre a fait savoir qu’il ne s’agit pas d’une attribution de nouvelles concessions forestières. Pour soutenir ses propos,le cabinet du ministre rappelle les dispositions des articles 114 à 116 de la loi portant Code forestier qui prévoit la procédure pour déchoir un concessionnaire de ses droits.

En effet,conformément à cette loi, si un exploitant « abandonne une concession deux années successives, l’Etat peut amorcer la procédure de récupération de ces forêts en lui adressant une mise en demeure de 12 mois, à l’issue de laquelle ces concessions reviennent de droit à l’Etat si le concessionnaire n’a pas repris l’exploitation. Ces forêts étant déjà sur le marché, le ministre en charge des forêts peut les réattribuer à un autre demandeur remplissant les conditions. Tel est le cas du Groupe Services. Ce, par le biais de l’administration qui en fait la proposition et les canaux sont connus et traçables à la Direction de gestion forestière, la Direction de la forêt et la Direction inventaire et aménagement forestier. C’est précisément ce qui s’est passé pour le cas des contrats concessions dénoncés par Greenpeace. Le cabinet du ministre veut donc très clair à ce sujet.
Le cabinet du ministre de l’environnement et conservation de la nature précise donc que « ce ne sont pas des nouveaux contrats, il s’agit d’une réattribution à des exploitants viables, et cette viabilité est constatée par le ministère et son administration dans le respect de la loi », martèle-t-on. Bien plus, le cabinet ajoute que «C’est l’État congolais qui est propriétaire de toutes les forêts et les cède aux exploitants selon certaines conditions du reste rigoureuses. Il s’agit de cessions des titres repris par l’État congolais (propriétaire) car non mis en valeur par leurs anciens détenteurs».
Le cabinet du ministre rappelle que ces titres ont subi « favorablement le processus de conversion des anciens titres forestiers en contrats de concession forestière conformément au décret 05/116 qui n’interdit pas la cession». Et le cabinet de s’étonner que Greenpeace évoque des contrats de juin 2020 pendant que les Conseils des ministres se tenaient régulièrement, et au cours desquels le ministre n’avait jamais été interpellé par la hiérarchie en son temps si c était illégal. C’est la preuve, pour le cabinet du ministre Claude Nyamugabo, que cette Ong est « incapable de démontrer qu’il s’agit de nouvelles concessions forestières, et qu’elle n’est pas au courant du fait que MEDD organise, avec l’appui de l’Union européenne, une revue légale de tous les titres forestiers avec la sélection sur appel d’offres d’un bureau d’audit international dont l’ouverture des plis est dernièrement intervenu au siège de l’Union européenne à Kinshasa», conclut-il.
Des rapports élaborés sans réalité du terrain
Ce que Greenpeace semble oublier, est le fait que le ministère de l’environnement est un ministère d’assiettes RT. A ce titre, il a l’obligation de contribuer sensiblement au budget de l’Etat. C’est dans cette optique qu’en 2020, les contributions dudit ministère ont atteint pour la première fois le taux record de 120% des assignations lui attribuées. Et les observateurs de s’étonner que le même ministère qui a obtenu du Conseil des ministres l’interdiction d’ici 2021, de l’exportation des grumes pour promouvoir la transformation et la mise en valeur locale, soit le torpilleur de ces forêts.
Par ailleurs, Claude Nyamugabo a été l’invité d’honneur de la 16e réunion du Conseil d’administration de l’Initiative pour la Forêt de l’Afrique centrale –CAFI-, au cours de laquelle plusieurs bailleurs de fonds conduits par la Norvège se sont engagés avec un financement de 150 millions d’euros pour soutenir la réforme du secteur forestier et ce depuis 2016. Pour eux comme pour le gouvernement congolais, il est question de concilier les objectifs de développement et de préservation des forêts, tout en s’assurant que ce secteur contribue à l’économie du pays. L’on ne voit dès lors pas ce que cherche Greenpace avec ses rapports qui ne concordent nullement avec la réalité du terrain.

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