RDC/La Francophonie en très mauvaise position (tribune)

Par YAMAINA MANDALA

C’est dans la belle île de Djerba, en Tunisie, que se tiennent les travaux du 18è Sommet des chefs d’Etat et de gouvernements des pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour rafraîchissement de mémoire, c’est en 1960, que la première institution intergouvernementale francophone vit le jour avec la Conférence des ministres de l’Education qui regroupait au départ 15 pays. Elle se réunit tous les deux ans pour tracer les orientations en matière d’éducation et de formation au service du développement.

La Francophonie, indique-t-on, a pour missions de promouvoir la langue française et la diversité culturelle et linguistique, promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme, appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche. Mais, au fil du temps, cette organisation internationale a pris de l’ampleur, au point de se poser comme la concurrente des Nations unies. Il suffit de se rappeler que Boutrous Boutros Ghali, boudé aux Nations unies par les Américains, et placé à la tête de l’OIF, avait pris des positions nettement politiques au nom de pays membres de la Francophonie. Celle-ci a peu à peu étendu sa dispersion territoriale avec au moins 220 millions de locuteurs issus principalement des 77 États et gouvernements présents sur les cinq continents; le statut de langue officielle ou co-officielle dans 32 États et gouvernements; la langue à la fois d’enseignement et l’une des langues étrangères les plus répandues; etc.

Mais, ces dernières années, l’OIF est boudée à cause du comportement de dirigeants français accusés d’ingérence dans les affaires internes des Etats membres, surtout en Afrique, de soutien à des leaders politiques qui se seraient caractérisés par de violations systématiques des droits humains, ou ceux rejetés par leurs peuples. Conséquence: depuis quelques années, nombre de pays francophones annoncent leur adhésion dans le Commonwealth, une communauté composée en grande partie d’anciennes colonies britanniques. Par ailleurs, les observateurs ont du mal à expliquer le fait que la République Démocratique du Congo qui est le deuxième plus grand pays francophone au monde, après la France, au regard du nombre très élevé des locuteurs de la langue française, n’occupe toujours pas de postes importants au sein des organes de l’OIF. Et que Paris ait imposé une ressortissante du Rwanda au Secrétariat général de cette institution, alors que son pays d’origine a depuis longtemps quitté le monde francophone. Plus grave: l’attitude qu’affiche à l’Onu le président français dans le conflit entre la RDC et le Rwanda qui soutient les rebelles du M23 ne cesse de provoquer des grincements de dents à Kinshasa. Enfin, les ressortissants des pays membres de l’OIF éprouvent des sérieuses difficultés pour se rendre en France. Pour tout dire, beaucoup de pays membres de l’OIF reprochent aux autorités françaises de bafouer les valeurs humaines de la Francophonie.

Dans ces conditions, l’OIF risque de connaître, dans l’avenir, de sérieux remous qui pourraient pousser de nombreux pays membres à se jeter dans les bras du roi britannique, diminuant ainsi l’influence de l’OIF sur la scène internationale.

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