RDC/Malgré de manœuvres dilatoires,le Dr Eteni a tenté vainement de faire réhabiliter le Dr Lokadi au Secrétariat général de la santé
Par LA RÉSISTANCE
Pendant que le gouvernement Ilunkamba était réputé démissionnaire, le ministre de la Santé, le docteur Eteni Longondo, a continué à faire parler de lui, sans se soucier de quoi que ce soit. L’opinion était ahurie de constater que le ministre Longondo s’était lancé dans une autre cabale, en tentant de faire réhabiliter le Secrétaire général sortant, le docteur Lokadi.
Suspendu de son poste de secrétaire général à la santé, le docteur Lokadi qui s’était signalé par de magouilles, était parti briguer le poste de gouverneur dans son Sankuru natal. Ce qui est normal. Personne ne peut le lui reprocher. Il a travaillé même en qualité de gouverneur intérimaire de ladite province. En un mot, il s’était lancé dans la politique. Et puisque l’appétit venait en mangeant, il cachait ses ambitions, attendant le moment opportun pour bondir et occuper finalement le poste de gouverneur. L’on indique que les dossiers administratifs n’intéressaient plus celui qui fut désigné Commissaire Spécial adjoint de la province chargé des questions politiques, administratives et juridiques fin octobre 2015, avant d’être élu vice-gouverneur fin mars 2016. Le Dr Pierre Lokadi tenait à demeurer à la tête de la province du Sankuru et jouait ainsi son va-tout pour arriver à ses fins.
Un coup fourré contre Lambert Mende
Le 3 mai 2019, le gouverneur ai du Sankuru adresse une note technique à sa hiérarchie politique, le PPRD, qui apporte un nouvel éclairage sur les contours de la suspension de l’élection gouvernorale, décidée, selon le ministère de l’Intérieur pour des raisons sécuritaires par le président de la République le 15 avril dernier. Pierre Lokadi écrit qu’il a consulté les populations de Lusambo, le chef-lieu enclavé de la province du Sankuru (39.578 électeurs contre les 2.101.436 répertoriés sur l’ensemble de la province) au sujet de la « crise politique » dans cette province.
Dans sa note sollicitant une intervention du PPRD auprès du président honoraire Joseph Kabila, Autorité morale du FCC, il explique qu’il se dégage de cette consultation, notamment que la population ne voudrait pas de la candidature unique de Lambert Mende, car les personnes consultées par lui « ne veulent pas d’un ressortissant de Lodja ». Il précise que « ni la candidature de Mende et non plus celle de Mukumadi n’apportera le changement à cette province chère à Patrice-Emery Lumumba, car le premier est réputé conflictuel et risque de gérer la province avec son cercle familial; et le second est inexpérimenté et novice dans la gestion de la chose publique ».
Le médecin qui dirige provisoirement le Sankuru diagnostique que « Ainsi donc, la tension restera vive avec cette population qui est loin d’avoir un esprit développé ou imaginatif ». Le gouverneur intérimaire ne s’arrête pas en si bon chemin. Il assure avoir administré un remède de sa trouvaille, qui règle l’équation sankuroise: « J’ai pris l’initiative d’attirer l’attention de la population de Lusambo à mon égard en l’amadouant par des actions à caractère de développement et social durant cette période de crise politique et sociale ». Il suffit donc pour lui de laisser les choses en l’état en prolongeant indéfiniment son intérim pour que tout aille bien. Mais il y a pire: « Cette population dupe et naïve est totalement convaincue par mes initiatives qui ne visent qu’à mon maintien… », se vante carrément Pierre Lokadi.
Le gouverneur a.i. du Sankuru met ainsi à nu les manœuvres et manipulations des populations orchestrées pour se débarrasser d’adversaires politiques dans la course à la tête de l’Exécutif provincial du Sankuru. Et l’homme n’est pas le seul à s’adonner à cet exercice qui a été à l’origine de l’embourbement programmé du processus électoral dans cette partie du territoire national. L’équation de l’élection gouvernorale au Sankuru, c’est d’abord une liste électorale qui mettait en compétition les tickets FCC Lambert Mende et indépendant Joseph-Stéphane Mukumadi.
A la suite d’une décision judiciaire, le ticket indépendant Mukumadi avait été invalidé pour cause de double nationalité, et la Ceni avait publié une liste définitive au terme de laquelle le ticket FCC/CCU Lambert Mende devait rester seul en lice, à l’instar de l’une ou l’autre circonscription de l’élection de gouverneur de province sur l’étendue du pays.
Ce qui avait provoqué une levée de boucliers jusque dans les rangs du FCC chez certains esprits qui n’avaient pas présenté leurs propres candidatures, mais voulaient empêcher leur collègue de diriger la province. Des rapports du ministère de l’Intérieur, dont les services étaient chargés de renseigner le chef de l’Etat sur l’état du territoire national étaient évoqués pour expliquer ou justifier cet empiètement de l’Exécutif sur l’indépendance de la Ceni. Ils s’appuyaient sur les rapports rédigés par des responsables politico-administratifs aussi intéressés au strapontin provincial que l’ancien gouverneur a.i. du Sankuru, Pierre Lokadi, qui assurait l’intérim de son titulaire élu sénateur. Ou, pire encore, son supérieur hiérarchique à l’échelle nationale, le ministre a.i. de l’Intérieur et de la Sécurité dont il était apparu, depuis notamment la rocambolesque affaire du vrai-faux diamant de Lodja, qu’il avait un os particulier à peler avec le candidat gouverneur FCC, Lambert Mende. Voilà, brièvement décrit, le parcours de l’ancien secrétaire général à la santé, le docteur Lokadi, que le docteur Eteni a tenté, sans succès, de faire revenir à la santé. Ce qui ne devait que provoquer de graves crises dans ce ministère très sensible en cette période de Covid-19.