RDC : « Mon fils,rentrez à la maison,je ne suis plus en vie je suis déjà mort ! »,mon défunt papa

Par Serge Yann NTOMBOLO

« Un jour, je ne serais plus avec vous, mais pour toujours, même dans l’au delà où je serais, ma satisfaction serait que j’ai tout accompli, soyez en fiers », disait-il chaque fois depuis sa retraite professionnelle en 2013.

Comme tout orage qui ravage, le banquier n’a pas résisté face au dernier ennemi de l’homme que Dieu détruira pour toujours, la mort (Louis Segond).

Après un entretien avec son médecin privé début novembre 2021, l’ami des jeunes (pour les intimes) s’est engagé pour son hospitalisation en date du 20 novembre de la même année à l’hôpital BIAMBA MARIE MUTOMBO HBMM pour des soins appropriés, chose faite, il y sort trois jours après avec son ami intime, le sourire.

Comme d’habitude, je prenais tout le temps possible afin de m’assurer qu’il était bien portant avec notamment, ma mère, en harmonie avec mes frères et soeurs biologiques se trouvant dans différentes villes de la RDC.

Début décembre de la même année, tout a basculé compromettant les assurances des médecins de l’hôpital HBMM. Je reçois donc un coup de fil de ma mère pour me signifier que mon père a fait une rechute le 16 décembre de ladite année, je m’apprête et j’arrive en la résidence familiale dès 6 heures, c’est une autre page qui recommence; me tenant la main droite ensemble avec mon frère, ma petite soeur et ma mère, tout fatigué et me dit, « fils allons à l’hôpital ! ».

Près d’une heures de route, nous sommes arrivés et papa a été admis aux soins d’urgences. Avec les restrictions sanitaires dues à la pandémie de COVID-19, l’accès aux installations de l’hôpital était de strict car une seule personne est autorisée à la visite de 6 heures du matin durant 30 minutes et plus jamais. Il y passe de nouveau trois jours et ressort pour revenir chaque lundi, mercredi et vendredi selon les instructions de son médecin soignant.

Tout en respectant les consignes du médecin, l’état de santé de mon père était toujours inquiétant ! Le 05 janvier 2022, alors que le monde était sous le charme du nouvel an, mais c’est l’inquiétude et le désespoir qui devenaient notre quotidien. Papa n’a pas ténu, tout ne semblait plus marché, soudain c’est avec une voiture d’un ami qui nous dirige pour la énième fois à l’hôpital, mon père est de nouveau admis aux urgences.

« Où est maman, où est Isabelle, alors Freddy et Sandrine ? Tu as informé Teddy que je suis malade ? », me demandait-il lors de ma visite le même jour sur son lit d’hôpital.

Je sollicite une audience à son médecin soignant afin d’obtenir un transfert vers un autre centre hospitalier plus performant (j’ai cru que l’hôpital n’était plus en mesure d’assurer la santé de mon père au vu des résultats), le médecin me proposerait que papa y reste sept jours, soit une semaine !

En concertation avec les aînés nous avons donc opté cette option.

Puis survint la visite des membres de famille malgré l’accès difficile.

HBMM était devenu notre maison, nous y partons dès 5 heures du matin pour rentrer à 21 heures question de s’enquérir de l’évolution.

En date du 10 janvier, comme toujours, nous n’avons pas eu accès à la visite, nous sommes arrivés dès 6 heures 10 minutes avec ma mère, la raison était simple : « il y a déjà un autre visiteur à l’intérieur arrivé depuis 5 heures », déclare un agent de sécurité, le visiteur en question fût ma grand mère venu rendre visite à son fils.

Nous nous installons dans la salle des visiteurs afin d’attendre la sortie imminente de ma charmante grand mère. Il était 10 heures que je reçois le coup de fil de son médecin pour me confirmer le transfert de papa vers un autre centre hospitalier, c’est l’hôpital NGALIEMA CENTER de Kintambo qui a été choisi car, selon le médecin, cet hôpital possède des matériels efficaces pour le service de la néphrologie. Il m’accompagne pour voir papa, le papa est là mais il doit être transféré me dit-il.

« Sous perfusion, papa me regarde, me fixe les yeux et se mit en larmes, comme un film de fiction je demande à papa comment a-t-il passé la nuit, « Mon fils, je ne suis plus en vie, je suis déjà mort », me dit-il en tshiluba avec ses yeux qui ne cessent de couler en larmes. Il me tient la main droite et me le répète.

Je me suis forcé à n’est pas être déséquilibré et perdre le moral, j’ai informé à ma mère, les autres dont ma soeur et ma grand mère que papa devrait être évacué de HBMM pour NGALIEMA CENTER.

C’est avec l’ambulance de l’hôpital HBMM que nous quittons Q1 Masina pour Kintambo Magasin à 13 heures précises. Arrivés là, papa est de nouveau admis aux urgences puis à une séance de dialyse de 3 heures durant.

J’ai donc voulu m’assurer de ce qui se passe, je demande et obtient l’autorisation d’entrée dans la salle des dialyses accompagné de ma soeur, papa Eddy Moïse soulève de nouveau les yeux et me regarde, se souvenant de ce qu’il m’a dit de l’hôpital HBMM et me le répète en tshiluba, « Mon fils, où est maman ? », maman est dehors, lui répondais-je, dis lui ce que je t’avais dis, rentrez à la maison je ne suis plus en vie, réplique-t-il.

Mardi 12 janvier, comme nous étions autorisé à être en permanence, j’assiste impuissant devant un obstacle inédit, papa doit respirer sous oxygène, plusieurs matériels nécessaires lui entourent pouvant permettre une bonne respiration, je n’ai plus reconnu mon ami. Je vous épargne d’autres détails.

Papa est de nouveau admis à la séance de dialyse ce même mardi soir, nous sommes restés sans nouvelle, jusqu’à 00 heures que je reçois un appel du centre de dialyse, je quitte sans informer ni ma soeur ni ma mère, le Docteur me reçoit et me dit que papa n’est plus, il est où ? Ai-je demandé, j’aperçois une ambulance de l’hôpital Ngaliema, c’était le corps sans vie de mon père qui y est exposé pour être acheminé à la morgue des cliniques Ngaliema.

Restant sans nouvelle, j’ai imaginé de la manière dont je pouvais annoncer à ma mère et ma soeur que papa n’est plus car bien avant son évacuation pour la dialyse, il avait commandé un repas qu’il pourrait manger juste après cette séance.

C’est donc vers trois heures du matin que je décide d’annoncer que papa n’est plus.

Que faire ? Rien d’autre que d’honorer sa mémoire, et nous préparer aussi qu’un jour nous ne serons plus de ce monde, chaque seconde c’est une vie, ce drame est celui jamais imaginé, jamais rêvé mais l’impossible s’est tenu, Dieu en a décidé contre notre volonté.

Désormais, nous écrivons une autre histoire et nous habituons de vivre sans lui.

« Mon fils, rentrez à la maison, je ne suis plus en vie ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.