RDC:Jean Claude Baende, un acteur politique au parcours sinueux
Par Tshibola Antoinette
Il est fort difficile d’évoquer son nom sans automatiquement revoir en
mémoire, du moins pour les anciens, tous les faits et gestes qui
jalonnent son parcours que d’aucuns qualifient de sinueux. En lui se
retrouveraient toutes les antivaleurs que tout homme sérieux s’efforce
de bannir à tout prix. Etant passé d’un bord politique à l’autre,
d’aucuns, surtout dans la province de l’Equateur, n’hésitent point à
le traiter de caméléon qui change de couleurs selon son environnement.
Pourtant, tout le monde espérait le voir, en sa qualité d’ancien
prêtre catholique, constant, intègre, et respectueux des engagements
qu’il prend ici et là sans contrainte, mais en toute responsabilité.
Malheureusement, tel ne semble pas être le cas de cet ancien
gouverneur de la province du Grand Equateur aujourd’hui démembré.
Les populations se souviennent de lui comme un prêtre de
l’archidiocèse de Mandaka-Bikoro, alors dirigé par Mgr Frédéric Etsou
de pieuse mémoire, qui deviendra plus tard cardinal et archevêque de
Kinshasa. Mais, l’on apprendra après qu’il a déposé sa soutane pour la
politique où il doit avoir été attiré par les espèces sonnantes et
trébuchantes. Sans compter les honneurs liés à des postes que l’on
peut occuper. Pendant la Conférence nationale souveraine, l’on
commencera à parler de lui en mal dans certains milieux politiques.
Tout comme à Mbandaka où les populations ne pouvant supporter ses
faits et gestes, ne tardent pas à le dénoncer auprès de la hiérarchie
catholique. Croyant échapper à l’opprobre, il s’exile pendant quelques
mois en Belgique.
Des agissements insupportables
Il regagnera le pays en 2004 à la suite de José Endundo, ministre des
Infrastructures, travaux publics et reconstruction dans le
gouvernement de transition 1+4. N’ayant pas obtenu le poste de
directeur de cabinet qu’il convoitait, il a vraiment du mal à se
contenter de celui de chargé de missions au sein du cabinet. Très
vite, il quitte José Endundo. Il parvient curieusement à gagner la
confiance des enfants du maréchal Mobutu dont Ngawali, Manda et Nzanga
revenus au pays. Il leur propose d’installer à Mbandaka le parti
politique dénommé Ademo à travers laquelle la famille Mobutu devait
mener sur place des actions caritatives pour s’attirer l’estime des
populations. L’on raconte que pour cela, il aurait reçu des enfants
Mobutu une importante somme. Une fois dans le chef-lieu de la province
de l’Equateur, il met plutôt en place sa propre fondation, Adhc en
menant les mêmes actions que celles que les enfants Mobutu avaient
prévues. Retournés en Europe, ces enfants très déçus par sa
désinvolture, auraient juré de ne plus le croiser sur leur chemin.
Toujours à la recherche des espèces sonnantes et trébuchantes, l’on
verra par la suite JC Baende dans le sillage d’Azarias Ruberwa, alors
président du Rassemblement congolais pour la démocratie, un ex
mouvement rebelle qui tentait de se métamorphoser en parti politique
pour mieux affronter les élections qui se profilaient à l’horizon.
S’étant bien renseigné sur lui, Azarias Ruberwa le rejette. Sans
hésiter le moins du monde, Baende s’attache finalement au très
médiatique Oscar Kashala, candidat à l’élection présidentielle qu’il
prenait pour un multimillionnaire. Il battra donc campagne pour le
candidat président et pour lui-même qui briguait le siège de député
national à Mbandaka. Ayant échoué de ce côté-là, il va se tourner vers
l’équipe de campagne du candidat JP Bemba, pendant que lui-même se
porte candidat à la députation provinciale. C’est dans ces conditions
qu’il va composer le ticket avec José Makila pour le gouvernorat de
l’Equateur. Mais leur collaboration ne tiendra pas longtemps, puisque
Baende va poignarder dans le dos son titulaire alors en soins médicaux
à l’étranger, pour rester seul maitre à bord. Pour y arriver, il
quitte les rangs de l’opposition pour rejoindre ceux de Joseph Kabila.
De son passage à la tête de l’exécutif provincial, les populations
gardent un souvenir amer : le taux de pauvreté s’accroit davantage,
les ETD broyent du noir puisque ne recevant pas ce qui leur était dû ;
disparition de plusieurs tracteurs qui devaient servir au
développement de l’agriculture, vente des canots rapides modernes qui
servaient de transport aux populations, et enfin, des jeeps de
fonction ayant pris une destination inconnue, etc.
Ouvrir l’œil et le tenir à distance
Habitué à changer de camp politique comme l’on change d’habits, le
voilà qui fait les pieds de grue devant le bureau de l’UDPS pour
adhérer à l’Union sacrée de la nation, et ainsi se rapprocher de Félix
Tshisekedi dans l’espoir de se voir attribuer un poste. Les
observateurs qui le connaissent bien demandent déjà au chef de l’Etat
d’ouvrir l’œil, et le bon, pour le tenir à distance. L’on ne doit pas
oublier que pour sa mauvaise gouvernance des biens de la province, il
avait été relevé de ses fonctions de gouverneur par son autorité
morale, Joseph Kabila. Les membres de l’audit dépêchés à Mbandaka par
le Sénat alors dirigé par Léon Kengo wa Dondo seront séquestrés sur
place, et ne feront rien jusqu’à leur retour à Kinshasa.