RDC/Point de vue/ cabinets ministériels,les raisons de la médiocrité

Par YAMAINA MANDALA

A l’entrée en fonction de tout gouvernement, le Premier ministre signe un décret fixant la composition des cabinets ministériels. En son temps, le maréchal Mobutu avait publiquement interdit que le cabinet d’un ministre ne soit composé que des personnes issues d’une même région. Et il avait donné l’exemple en s’entourant dans son propre cabinet des cadres originaires de toutes les provinces. Ce qui importait le plus pour le défunt président de la République, c’était la méritocratie. L’homme à la toque du léopard avait horreur du népotisme, un système politique dans lequel le dirigeant favorise les membres de sa famille en leur octroyant des pouvoirs et des postes alors qu’ils n’ont pas la compétence pour les remplir.
Mobutu parti, le népotisme est revenu en force dans les cabinets ministériels. Une fois nommé à la tête d’un département, le ministre ne prend dans son cabinet que des membres de sa famille, ou celle de son épouse, sans oublier des amis du quartier avec lesquels l’on prenait un pot chaque fin de semaine, voire des personnes recommandées par des féticheurs. Dans certains cabinets aujourd’hui, seul le dialecte est parlé, pas le français qui est pourtant la langue administrative de la RDC. Dans ces conditions, quels résultats peut-on attendre des personnes qui composent ces cabinets?
Et comme ils savent que les gouvernements congolais ne durent que le temps d’une rose, qu’ils tombent au gré des humeurs de chaque dirigeant politique, les membres de nos cabinets ministériels se battent pour des avantages. Ils se disputent les véhicules trouvés sur place, ils cherchent par tous les moyens à se remplir les poches, ils plongent dans de magouilles pour permettre au ministre de ne pas sortir un jour les mains vides, ils remuent ciel et terre pour figurer sur les ordres de mission. Bref, rien ne peut se faire au cabinet sans qu’ils ne soient impliqués. Après tout, ils sont là par la seule volonté de leur frère, beau-frère, ami du ministre.
A cela rien d’étonnant dans la mesure où, à la nomination d’un ministre dans un gouvernement, la mutualité de sa tribu organise une fête pour montrer que «maintenant, c’est notre tour de bouffer». Les scandales que l’on enregistre dans les cabinets de plusieurs ministres du gouvernement dit de l’Union sacrée, procèdent donc de cette logique-là. Le ministre ne peut en aucun moment faire partir un membre de son cabinet sans s’attirer le courroux de sa famille, de sa tribu, des amis du quartier ou encore, de la famille de son épouse. Peut-on lui imputer la faute? Non, puisque les personnalités ayant dirigé nos gouvernements, à quelques exceptions près, ne donnent pas l’exemple.
Pourtant, nul n’ignore qu’un ministre, quel que soit niveau d’intelligence, ne peut briller dans l’exercice de ses fonctions que s’il s’entoure des personnes ayant une certaine expérience. Et originaires de toutes les provinces. Dans le cas contraire, l’on peut beau parler de l’unité nationale, de la paix, le népotisme ne favorisera jamais l’implantation de ces valeurs dans notre pays.

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