RDC: Moïse Katumbi et l’art de la trahison

Par Siméon Isako Ndjale

La vie politique en RDC est une véritable arène où défilent des gladiateurs de tout genre. Il faut être un combattant aguerri pour s’adapter mais surtout survivre. Et chaque mandat présidentiel est une compétition à en croire la donne, 2023 sent mauvais, entre rebond, mécontentement et traîtrise et positionnement. De son côté, Félix Tshisekedi observe et essaie d’agir en sourdine pour garantir son second mandat qu’il espère remporter seul ou avec tous, surtout quand l’on sait que l’un de ses alliés qu’il a lui-même traité de frère (Moïse Katumbi),retourne sa veste.

De Kabila aux Tshisekedi

Moïse Katumbi Tshapwe a connu toute sa gloire et l’a savourée aux côtés de Joseph Kabila qu’il a traité jadis d’ami et vénéré comme un dieu durant toute une décennie alors gouverneur de la province du Katanga. De 2007 à 2015,l’homme de Kashobwe ne jurait que sur son ami-dieu jusqu’à ce qu’il fasse exactement la même bêtise que Lucifer au paradis. Il ne lui a fallu que 6 mois pour se faire une place de choix au près de Ya Tshistshi, Étienne Tshisekedi Wa Mukulumba, qu’il adule comme un dieu car ramassé dans la rue de l’exil en 2016 par celui qui deviendra plutard son grand allié, Félix-Antoine Tshisekedi assis à la droite du père. Et sous sa bénédiction, l’homme au chapeau blanc devient le chouchou de l’opposition politique congolaise porté par le G7, puis l’alternance pour la République en 2016, on le voit finalement aux côtés de Tshisekedi dans le Rassemblement de l’Opposition où il se permet de donner le dernier carton rouge à Joseph Kabila, après les deux premiers cartons jaunes donnés par le père Tshisekedi. Aujourd’hui, de retour au pays pour accompagner son ami et frère, allié au pouvoir, M. Katumbi, joue à malin, malin et demi avec son art d’antan : la traîtrise.
Doit-on comprendre que l’homme est prêt à tout pour le pouvoir ?

Katumbi et sa rédemption

À vrai dire, le président du TP Mazembe doit sa survie politique à Étienne Tshisekedi d’heureuse mémoire, qui a su le laver devant le public congolais mais surtout aux yeux des opposants congolais qui voyaient en lui les germes de la kabilie. Où doit-on dire, qu’il doit être redevable à Félix Tshisekedi, qui a endossé le risque de le conduire auprès du père ? Dans tous les cas, il doit tout au béton Fatshi car sans lui, l’exil serait encore pire et 2023 deviendrait sans doute, une éternité. Aujourd’hui, il dirige la primature chapeautée par Sama Lukonde et d’autres postes ministériels mais apparemment tout cela ne suffit pas à son avis, le corbeau a des rêves démesurés mais aussi inopportuns.
Même si l’on sait que le 06 mai 2019, Katumbi avait dans une interview accordée à RFI et France 24 qu’ « Il y a des choses positives que Félix Tshisekedi est en train de faire, par exemple la liberté d’expression dans notre pays, la libération des prisonniers politiques », a notamment déclaré l’opposant, avant de saluer la suppression des « cachots aux services de renseignement (…). Il y a des gens qui sont restés dans ces cachots pendant dix ans sans être jugés. Il y a de bonnes choses».

Les tensions observées entre les pro-Katumbi et Tshisekedi ces derniers jours suite à la loi sur le verrouillage de certains postes du pays dont la présidence de la République, les collaborateurs de l’ancien gouverneur du Katanga ne reconnaissent plus les progrès réalisés par l’actuel chef de l’État et s’évertuent désormais à tout peindre en noir .

En quête d’alliance

Des mécontents politiques et traitres, il y en aura toujours et Fatshi le sait bien. Mais malheur au traître, satan en sait beaucoup à ce sujet. Faire des alliances, oui, mais à quelle fin? Se préparer pour la présidentielle 2023 est combattre Fatshi? Si ce n’est que ça, oui car en politique tout est permis mais pour s’attaquer au béton alors que vous êtes en accord au sein de l’Union Sacrée, ça craint et ça sent la traîtrise à plein nez. Il faut bien regarder à qui on donne des coups bas en politique, ça risque de te discréditer. Mais aussi, il faut penser aux effets retours.
Katumbi qui tient à la création d’un bloc Est pour la présidentielle de 2023 afin de bien Challenger contre Félix Tshisekedi, fait désormais les yeux doux à Matata Ponyo, Joseph Kabila, Martin Fayulu… Tous ses anciens alliés, afin d’avoir une alliance capable d’anéantir l’UDPS et ses alliés lors des élections à venir.
Toutefois, il est connu qu’au Congo les alliances se font et se défont selon les circonstances et intérêts.

Qui a bu, boira

De toutes façons ce n’est pas une première et on savait qu’on finirait par arriver un de ces quatre mais pas de si tôt.
La vie est faite des choix. Et il faut savoir les assumer. C’est ça être un homme. La RDC est un pays hors normes où tout est enjeu, tout est risque et tout est danger. Malheureusement, les traitres n’ont pas leur place ici. Entre le peuple et la gloire, le traître choisit la gloire mais le peuple n’est pas dupe, il voit et observe. Katumbi qui a quitté Kabila en 2015 car ayant nourri l’espoir d’être président, prépare déjà les voies et moyens pour se séparer d’avec Félix Tshisekedi vu ses ambitions d’être candidat président de la République. De ce fait, l’homme d’Ensemble pour la République, a enclenché un lobbying auprès de Joe Biden pour obtenir un soutien non négligeable en 2023.
C’est à la fin qu’il portera son jugement et c’est alors que la disgrâce punit la trahison.

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