Manifestations politiques à travers le pays L’absence de Vital Kamerhe se fait déjà sentir

Il est généralement considéré, par toutes les couches sociales, comme « le pacificateur jusqu’au bout » pour son implication dans les actions visant la restauration de la paix sur l’ensemble du territoire national. Tribun hors pair, fin connaisseur de la scène politique, Vital Kamerhe a acquis une position inédite jusqu’à devenir directeur de cabinet du chef de l’État. Et ce, avec raison. Pendant son mandat de commissaire général adjoint à la Monuc, il s’était fortement impliqué dans les négociations axées sur la recherche des solutions appropriées aux problèmes ayant provoqué des guerres en République démocratique du Congo. Mais, en l’emprisonnant à Makala, ses adversaires politiques qui redoutaient de le voir prendre suffisamment d’envergure, ne mesurent pas encore les conséquences de son absence sur la scène politique.
L’Etat de droit dont parle le président de la République, Félix Tshisekedi, a toujours été appelée de tous les vœux par l’ensemble de la population, fatiguée d’être victime des actions maléfiques des tenants du pouvoir ancien. C’est donc une justice opposable à tous qui est largement attendue de tous, y compris dans les rangs de l’Union pour la nation congolaise-UNC-, parti de Vital Kamerhe. Cependant, dans le dossier du programme des cent jours du chef de l’Etat, cet acteur politique, du reste allié et soutien inconditionnel de Féix Tshisekedi, aurait dû être épargné d’autant que les preuves de son implication étaient absentes. Il fallait éviter de donner l’impression d’un procès politique. Pourtant, depuis quelques mois, des signes montraient que sa présence au cabinet du chef de l’Etat n’était pas souhaitée. Sa condamnation aura par conséquent sonné comme un coup de tonnerre qui ne manquera pas d’entrainer de lourdes retombées politiques. Vital Kamerhe reste un allié politique de taille pour Félix Tshisekedi. C’est lui qui avait souhaité former une équipe lors des élections générales de 2018 avec Tshisekedi pour la présidentielle. A Nairobi, les deux hommes avaient signé un accord politique, qui avait vu Vital Kamerhe se désister en faveur de Tshisekedi. Un accord qui prévoyait que lors de la prochaine présidentielle de 2023, Tshisekedi devait soutenir Kamerhe. Mais, le fait qu’il ait accepté d’accompagner son allié en devenant son directeur de cabinet, ne signifiait nullement son manque de vision politique, mieux d’ambition.
Un gêneur à écarter à tout prix ?
Dans certains milieux politiques, l’on avoue que sa présence aux côtés de Tshisekedi était très mal vue. Il en est de même au sein du parti dont le siège se situe à Limete. En tant que fin connaisseur des rouages de la machine d’Etat, Vital Kamerhe inquiétait. Ne se le cachons pas : nombre de caciques de l’UDPS le soupçonnaient à tout moment de vouloir un jour ravir la magistrature suprême à leur chef. Il a dès lors concentré beaucoup de jalousies contre sa personne.
Du côté de l’UNC, si on affirme que la détention de Vital Kamerhe est suite logique de ces jalousies et donc, une instrumentalisation politique de la justice. Car si certains collaborateurs de Félix Tshisekedi n’ont jamais goûté la présence de Vital Kamerhe à la présidence, certains kabilistes ne sont pas mécontents de la mésaventure judiciaire qui arrive à leur ancien allié, souvent qualifié. En tout cas, pour de nombreux observateurs, sa détention « rebat les cartes de la majorité présidentielle et de l’alliance UDPS-UNC au sein de la coalition CACH ».
Ce qu’ils oublient, cependant, est que l’absence de Kamerhe fait que Félix Tshisekedi se retrouve dans une position bien inconfortable. Ainsi, se sentant seul, il pourrait faire appel à la base du parti face aux barons du FCC. Preuve : ces manifestations que l’on ne parvient pas à contrôler. Enfin, l’absence forcée de Vital Kamerhe serait l’occasion pour Félix Tshisekedi de se choisir un membre de l’UNC qui lui soit plus favorable pour remplacer Vital Kamerhe à la tête du cabinet présidentiel.
Un acteur politique de première classe
Vital Kamerhe Lwa Kanyiginyi Nkingi, né le 4 mars 1959 à Bukavu, est un économiste et homme d’État de la. Il n’a pas encore été débarqué de ses fonctions de directeur de cabinet du chef de l’Etat. Il a notamment été président de l’Assemblée nationale.
Ancien secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie –PPRD-, il devient le directeur de campagne du président Joseph Kabila lors des élections de 2006, avant de tomber en disgrâce en 2009. En décembre 2010, Vital Kamerhe lance son propre parti politique, l’Union pour la nation congolaise –UNC-, et se porte candidat à l’élection présidentielle du 28 novembre 2011. Il remporte 7,74 % des suffrages et sa campagne est occultée par le duel entre le président sortant Joseph Kabila et son opposant Étienne Tshisekedi de l’UDPS.
Vital Kamerhe a occupé divers postes dans plusieurs cabinets ministériels, dont ceux de Léon Kengo, Mushobekwa Kalimba wa Katana et du général Denis Kalume Numbi. Il fut nommé commissaire général adjoint du gouvernement –AFDL- chargé des relations avec la Monuc. Plus tard, il devint titulaire en tant que commissaire général du gouvernement chargé du suivi du processus de paix dans la région des Grands Lacs. Il a occupé ce poste jusqu’à sa nomination comme ministre de la Presse et de l’Information dans le gouvernement de transition en 2003.
Vital Kamerhe est une personnalité marquante et controversée de la période débutant avec la deuxième guerre du Congo, en 1998, et des divers processus de paix subséquents ayant établi durablement une guerre de prédation à l’Est du Congo. Le résultat en a été la guerre la plus meurtrière depuis la deuxième guerre mondiale avec plus de 6 millions de victimes.
La Rédaction

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.