RDC/Replacé par le chef de l’Etat à la tête de la Gécamines,Albert Yuma croit se disculper en faisant des révélations qui l’accablent

Par SNN

Reconduit par ordonnance présidentielle aux fonctions de président du conseil d’administration de la Gécamines le lundi 3 juin 2019, Albert Yuma, un proche de l’ancien président Joseph Kabila, veut se racheter aux yeux de l’opinion nationale et internationale. Au lieu de reconnaître qu’il figure parmi ceux qui ont bradé le patrimoine de la Gécamines, celui dont la réélection à la présidence du patronat congolais a été entachée de beaucoup d’irrégularités, tient à montrer aux Congolais qu’il ne porte aucune responsabilité dans la chute du géant minier congolais.
Héritière de l’Union minière du Haut-Katanga, la Gécamines est détenue à 100 % par l’État congolais et concentre ses activités autour de la prospection, la recherche et l’exploitation de réserves minières. La société est basée à Lubumbashi, chef-lieu de la province du Haut-Katanga, et est le principal contributeur au budget de l’État congolais. Cependant, ce géant minier a cessé de tourner à plein régime. Tout son patrimoine cédé à des partenaires étrangers s’est rétréci comme une peau de chagrin, ne lui permettant plus de produire les recettes attendues par le trésor public. Pendant le régime Kabila, personne ne pouvait évidemment lui faire de reproches quant à sa gestion en qualité de président du conseil d’administration de la Gécamines. Même pas les différents Premiers ministres.
Un des fossoyeurs de la Gécamines
L’opinion publique nationale et internationale sait pourtant que le président de la FEC porte une lourde responsabilité dans la chute de la Gécamines. Et contrairement à ce qu’il soutient, les preuves de sa complicité sont là : sachant que les Congolais ne veulent plus de son mentor, Joseph Kabila, l’on signale que c’est lui qui aurait mis en vente les villas, appartements et terrains appartenant à cette société d’Etat tant au pays qu’à l’étranger. Outre les terrains, appartements et maisons situés dans l’ex-Katanga, pas moins de dix immeubles ciblés se trouvent en Europe et en Afrique.
A Lubumbashi, les agents l’avaient dénoncé au motif que le PCA agissait de manière unilatérale et dans une totale opacité. « La décision d’aliéner ces biens immobiliers n’avait guère été débattue au conseil d’administration de la société. La Gécamines étant une société d’Etat, une telle mesure devait faire l’objet d’une délibération en conseil des ministres», se plaignait-on.
La production totalement négligée
Profitant de ses accointances avec le régime sortant, Albert Yuma Mulimbi a combiné, pendant quatre ans, les fonctions de PCA à celles d’administrateur-délégué. Il était donc à la fois gestionnaire et contrôleur; sans oublier son poste d’inamovible président du patronat congolais-FEC. L’on signale qu’il est aussi administrateur à la Banque centrale du Congo et PDG de la société Egal spécialisée dans l’agro-alimentaire. De l’avis de tous, Albert Yuma affiche un bilan désastreux à la tête de la Gécamines. Après avoir mis en faillite l’Utexafrica, le PCA a carrément négligé la production par la création de nouvelles usines. L’outil de production est devenu obsolète. « La Gécamines n’a plus de fonds propres, elle vit des ressources financières que lui rétrocèdent ses partenaires venues avec la nouvelle technologie », avoue-t-on.
Ce que l’on ne s’explique pas, est le fait qu’au regard de tout ce qui précède, Albert Yuma ne craint pas le ridicule. Car, si l’on procède au contrôle de sa gestion, des questions viennent vite à l’esprit des observateurs: qui a cédé les royalties dans KCC, Mutanda et Metalkol ayant rapportant journellement la somme de 200.000 USD à l’Israélien Dan Gertler, qui a cédé les rejets de Kakanda et ceux situés autour de Kolwezi au même Gertler juste avant les élections de 2018, alors qu’ils étaient pleins de cobalt ; qui a cédé la participation de la Gecamines dans Mutanda en 2011, toujours à Gertler, affirmant que cette participation était non stratégique, alors que les experts savaient très bien que Mutanda deviendrait un jour l’un plus grands producteurs de cobalt au monde, et que cette participation a fini par rapporter un milliard USD à Gertler; qui a signé le contrat de traitement à façon avec les Asiatiques ayant conduit au  »gouffre financier » selon l’expression de Yuma lui-même; qui a signé le contrat de Deziwa avec des partenaires Chinois; qui a vendu les maisons de la Gécamines à Paris et à Bruxelles; où sont les représentants de l’Etat dans les joint-ventures; qui a signé le contrat Africa Horizon Resources; avec les soiciétés Dino Style et Shituru; qui a minoré les royalties de Metalkol; qui a détourné les 200 millions payés par Mumi et KCC; comment gère-t-on les pas-de-porte; qui récupère moins de 30% de cuivre et de cobalt et enfin ; qui a mal géré le dossier Comide ayant conduit à la rupture entre la RDC et les institutions de Breton Woods. Pour finir, qui a acheté un jet privé avec l’argent de la Gécamines pour faire le tourisme à travers le monde ?
Ce sont là autant de questions auxquelles le PCA Yuma devait donner des réponses convaincantes, au lieu de verser des larmes de crocodiles pour se donner bonne conscience. Par conséquent, au lieu de parler, pour chercher à amadouer Félix Tshisekedi, le PCA Albert Yuma aurait dû simplement se taire, et aider l’actuel comité de gestion à chercher les moyens de relancer la production de la Gécamines.
Dès lors, en ce moment où le chef de l’Etat est en quête de moyens financiers pour la mise en œuvre de sa vision, le souhait de tous est de voir l’Inspection générale des finances se pencher rapidement sur la gestion d’Albert Yuma au cours des dernières années. L’on pense que les enquêteurs ne manqueraient pas de trouver des cafards dans ses tiroirs.

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