RDC/Tribune de Patrick Onoya : « Quid de l’application sur l’industrialisation par substitution aux importations ? »

Par la Rédaction

  1. CONCEPT D’INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS

Il existe plusieurs types de politiques menées par les pays en voie de développement durant les années 1960 et jusqu’à nos jours ; celle de l’industrialisation par substitution aux importations (ISI) se fonde sur des barrières tarifaires ou non tarifaires permettant au pays de produire lui-même ce qu’il importait à l’origine, créant un développement autocentré. Le pays en question va donc produire de lui-même ce qu’il importait, se mettant en situation d’indépendance par rapport aux autres pays.

Cette politique comporte aussi des limites. Celles-ci sont la plupart du temps le fait que le marché intérieur n’est pas assez développé (trop restreint) pour permettre un développement de la nouvelle économie locale. De plus, le pouvoir d’achat de la population (étant donné que c’est une économie en transition) n’est souvent pas suffisant pour faire décoller les industries naissantes. Inhérent à cela, l’investissement ne peut donc être rentabilisé à 100 % par la demande insuffisante.

(Source : wikipédia)

  1. PACTE DE STABILITÉ « GOUVERNEMENT – BANQUE CENTRALE DU CONGO « 

Le pacte de stabilité entre le Gouvernement et la Banque Centrale du Congo entamé depuis 2020 en vue d’une bonne coordination de la politique budgétaire et monétaire a été rendu possible, notamment, par le rapatriement des 60% des recettes minières conformément au code minier tel que révisé en 2018.
Grâce aux achats de devises de la Banque Centrale du Congo lorsque les conditions le permettaient, les réserves internationales brutes de la Banque Centrale du Congo ont augmenté pour atteindre 4,1 milliard de dollars à la fin du mois de septembre 2022, équivalent à 2,1 mois d’importations ; un niveau que notre pays n’avait jamais avoisiné auparavant.

(Source : Discours de Son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République Démocratique du Congo, Chef de l’État, Président en exercice de la SADC sur l’État de la Nation – le 10 décembre 2022)

  1. PROBLÉMATIQUE

La RDC est connue comme un pays au cœur de l’Afrique qui ne produit presque rien et importe pratiquement tout. Ce qui ne constitue pas un sujet de fierté.

Ainsi, est-il possible, dans un contexte de diversification de l’économie, de mettre en place une politique gouvernementale permettant de réduire un tant soit peu la dépendance de la RDC aux importations ?

  1. FINANCEMENT DE L’ÉCONOMIE PAR LES BANQUES : UN ENJEU MAJEUR

Depuis toujours, la recherche de la croissance demeure au cœur des politiques économiques des Etats. En effet, celle-ci garantit le développement économique, ce qui contribue par la suite à l’amélioration du niveau de vie, donc à la garantie du bien être social.

Cependant, cet objectif de croissance si important pour les Etats n’est réalisable qu’à la condition que les entreprises s’assurent le meilleur emploi des facteurs de production.
Pour cela, elles sont appelées tout le temps à augmenter leurs dépenses d’équipement en capital, afin d’améliorer la productivité, ce qui est fondamental pour la croissance.

C’est pourquoi, dans le contexte actuel de la globalisation, il devient inconcevable de parler de développement économique durable sans soulever au préalable la question du financement de l’économie. Car les dépenses à engager nécessitent bel et bien un financement dont les entreprises ne disposent pas toujours. Elles sont donc parfois contraintes de se tourner vers la sphère financière.

Ce qui fait du financement des entreprises, surtout des Petites et moyennes entreprises (PME), un enjeu de taille en ce qui concerne les politiques de croissance économique à mettre en place par les gouvernements.

(Source : Problématique de financement bancaire de l’économie : expérience du Congo-Brazzaville
Gilles Wilème Tchamba
Dans Revue Congolaise de Gestion 2011/1)

  1. QUID DE L’APPLICATION DE L’INDUSTRIALISATION PAR SUBSTITUTION AUX IMPORTATIONS EN RDC ?

Partant de ce qui précède, nous comprenons par déduction que la RDC importe des biens (vivres et non vivres) équivalent à environ 2 milliards de dollars par mois.(confère le point 2 : Pacte de stabilité « Gouvernement – Banque Centrale du Congo)

Préalable

L’un des préalables à l’application de l’industrialisation par substitution aux importations en RDC sera l’identification des besoins en importation de la population congolaise en général et kinoise en particulier catégorisé selon les ordres de priorité ; et ce, afin de servir de soubassement dans le processus d’élaboration de la « feuille de route de l’industrie de substitution en RDC » ; document de base qui servira de boussole pour la mise en œuvre de la stratégie d’industrialisation par substitution aux importations en RDC.

Hypothèse de travail

Les propositions contenues dans cet article considèrent les hypothèses suivantes :

  • Primo : le Chef de l’État possède une volonté manifeste de créer des millionnaires congolais et par la même occasion, d’améliorer le social des congolais ;
  • Secundo : le gouvernement de la RDC est déterminé à assurer la diversification de l’économie nationale à travers le développement du secteur privé.

Application du principe d’industrialisation par substitution aux importations par le gouvernement de la RDC : Objectif Réduire de 10% par an le volume des importations mensuelles

Pour appliquer le principe économique de l’industrialisation par substitution aux importations(confère point 1 : Concept d’industrialisation par substitution aux importations), il sera avant tout question d’étudier la possibilité de développer l’industrie locale en substituant les importations courantes des congolais répondant aux « besoins prioritaires de la population »; et ce, par le développement d’une industrie de substitution permettant, par exemple, de réduire les dépenses d’importations mensuelles de l’ordre de 10% par an au profit de la production locale conformément au schéma proposé dans la feuille de route d’industrie de substitution préalablement élaborée.

Ceci représenterait une bagatelle d’environ 200 millions de dollars par mois au profit du marché local, soit l’équivalent de plus de 2 milliards de dollars par an.

Une des clés de réussite de la mise en œuvre de la feuille de route de l’industrie de substitution est : la mise en place des mesures de protectionnisme associés.

Par définition, le protectionnisme correspond à une doctrine économique mais également à une politique économique qui, à travers l’instauration des barrières tarifaires et non tarifaires, vise à limiter les importations de biens et de services afin de favoriser ou de protéger la production nationale de la concurrence étrangère et ainsi rééquilibrer la balance commerciale.
La principale barrière tarifaire est le droit de douane, c’est-à-dire un impôt prélevé sur une marchandise importée lors de son entrée sur le territoire national. L’objectif de cette mesure est d’augmenter le prix des produits importés afin d’en décourager la consommation.

Exemple

Par exemple, s’il apparaît dans l’étude d’identification des besoins prioritaires des kinois que le riz est l’un des produits les plus consommés, par conséquent, le plus importé, dans le cadre des mesures de protectionnisme, il sera question de décourager l’importation de ce produit ( » le riz ») par des mesures des barrières tarifaires au profit du riz produit localement.

Note : Ces mesures sont indispensables à la réussite de la stratégie proposée.

(Source : Libre échange et protectionnisme
Publié le 30 septembre 2019 – vie publique)

Considération complémentaire

Par ailleurs, sachant que l’un des problèmes fondamentaux qui freine le décollage du secteur privé en RDC est celui du  » financement » (confère point 4 : financement de l’économie par les banques : un enjeu majeur), il sera indispensable au gouvernement de la RDC, au moment où il décidera d’appliquer les  » principes » de l’industrialisation par substitution aux importations d’y associer une stratégie appropriée de financement des projets d’investissements du secteur privé devant soutenir ladite politique de  » substitution » à mettre en place. Ladite stratégie de financement devra se baser sur un modèle d’ingénierie financière savamment conçu et exécuté avec doigté.

  1. CONCLUSION

« Il n’est jamais trop tard pour mieux faire », dit-on !

Par contre, il est aberrant de continuer à fustiger le fait que la RDC est un pays qui importe presque tout et ne produit presque rien ; sans poser des actes concrets qui démontrent notre volonté de changer les choses.

L’heure est venue où les dirigeants congolais doivent se décider à commencer quelque part.

Ne dit-on pas qu’une marche de plusieurs kilomètres commence par un pas!

Bonne réflexion à tous les intellectuels congolais !

Patrick T. ONOYA

Lobbyiste et Stratège en investissement

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