RDC/Joseph Kabila démoli complètement par Félix Tshisekedi !

Par Ontere Marthe

Au lendemain de son avènement à la magistrature suprême de notre pays, très peu sont ceux qui donnaient beaucoup de temps à Félix Tshisekedi pour tenir le pouvoir. D’autant que la coalition scellée avec son prédécesseur, ne lui laissait que très peu de marge de manœuvres pour poser des actes dans le cadre de son programme d’action. En moins d’une année seulement, des profondes discordances ont apparu entre les deux alliés, au point que le nouveau chef de l’Etat, a failli laisser sa peau dans les pièges qui lui étaient tendus un peu partout. Mais, sans montrer  les signes de découragement, le président de la République a déjoué toutes les manœuvres jusqu’à démolir tous les rouages de l’ancien système.

Le dernier acte de cette démolition, est le retrait des militaires du bataillon d’infanterie qui assuraient la sécurité des résidences de l’ex président Joseph Kabila. A la place, ce sont désormais des policiers qui assureront la garde des différentes résidences de Joseph Kabila qui s’est installé dans sa ferme du Haut-Katanga depuis la mi-décembre 2020. Jusqu’ici, Felix Tshisekedi se partageait la Garde républicaine avec son prédécesseur, avec qui il a mis fin à la coalition qu’ils formaient.

Le coup d’envoi de cette opération a été donné dès la fin du mois de janvier 2021. Des barrières et blindés qui quadrillaient les rues autour de la résidence privée de l’ex–président au centre-ville de Kinshasa, ont été levées et une avenue entière a été ouverte à la circulation. Le détachement militaire chargé depuis de nombreuses années de protéger ladite résidence, a reçu l’ordre de se replier dans le camp militaire Tshatshi. Dans les milieux proches de Joseph Kabila, on laisse entendre qu’il avait été prévenu de ce changement.

Le Commissaire général de la police nationale, a désigné une quarantaine de policiers pour assurer la sécurité de Joseph Kabila et de sa famille autour de leur résidence de Kingakati, dans la banlieue de la capitale. Tandis que l’ensemble des militaires restés à son service ont été notifiés de leur fin de mission.

Protéger le président en fonction

Evidemment, cette opération n’a pas du tout été appréciée dans les rangs de Joseph Kabila. Son chargé de mission,  Julien Lubunga Bayombe, estime que cette action est inopportune. « Le président n’a vraiment pas intérêt à susciter des conflits, comme si c’était ces gardes qui l’empêchaient de réaliser son projet ou sa vision », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter : « Ce que le peuple congolais entend de lui, c’est de s’occuper du social comme la pénurie d’eau dans la capitale, Kinshasa, ou bien encore l’insécurité qui jusque-là était focalisée à Beni, dans le Lubero, Itombwe, Minembwe ou encore en Ituri, mais qui aujourd’hui a tendance à se généraliser à travers toute la République. C’est ce que le peuple attend et non pas dégarnir la sécurité de son prédécesseur ».

Cette appréciation a été très vite démentie par la présidence de la République qui assure que la Garde républicaine est « chargée de protéger le président en fonction, sa famille et ses hôtes de marque », rappelle-t-elle. En théorie, c’est la police qui est chargée de protéger les autorités civiles, mais pour ce qui est d’un ancien président élu, la loi ne le précise pas. Elle prévoit plutôt des dispositions dans des termes plus génériques: l’allocation d’un service de sécurité doté des moyens conséquents comprenant, précise la loi, deux gardes du corps, trois éléments de sa suite et une section chargée de protéger sa résidence.

Félix Tshisekedi vient de loin

Contrairement à ce qui se passe ailleurs, Félix Tshisekedi n’a pas eu la chance d’aborder son mandat dans la quiétude. Très vite, il a eu à faire face à l’affront des caciques du FCC qui claironnaient à tout bout de champ que le président en place n’est qu’une marionnette, qu’il ne tiendrait pas longtemps, et qu’en 2023, c’est leur mentor, Joseph Kabila, qui reviendrait au pouvoir. L’on est même allé jusqu’à compter le nombre de conseil de ministres qui lui restaient à organiser. Plus grave, le FCC faisait payer des jeunes dans les communes périphériques de la capitale pour « vanter les mérites » de celui qu’ils assimilaient à Rambo, un acteur de cinéma bien connu. De même, une sorte de « concurrence s’était installée entre les premières dames, l’ancienne et la nouvelle. Chaque fois la seconde posait des actes de bienfaisance au profit de la population, dans la capitale comme dans les provinces, la première s’arrangeait, elle aussi, pour descendre sur le terrain, et se faire signaler par une action similaire.  Du jamais vu !

Au niveau du parlement, Félix Tshisekedi était visiblement bloqué par son accord politique passé par CACH avec le FCC.

Et cerise sur le gâteau, dès qu’il a manifesté son intention de mettre en place un Etat de droit, des voix se sont élevées au sein du FCC pour fustiger cette initiative. De nouvelles propositions de loi ont vite été concoctées par opposition à la réforme de la justice voulue par le chef de l’Etat. Pour le camp de son allié, rien ne pouvait se faire sans l’accord préalable de son prédécesseur, Joseph Kabila. L’impression qui se dégageait de tout cela, était que la RDC était dirigée par deux têtes. Impensable !

Consultations, et Union sacrée de la nation

Face à cette crise politique, Félix Tshisekedi a vite trouvé la voie de sortie, en organisant des consultations tous azimuts. Celles-ci ont abouti à la mise en place de l’Union sacrée de la nation. Une manière, pour lui, de renverser le rapport de forces politiques. Après quatre semaines de consultations de la classe politique et de la société civile, les Congolais ont été fixés sur les intentions du chef de l’Etat de sortir le pays de la crise politique profonde qui l’oppose à son allié et paralyse l’ensemble des institutions du pays. Félix Tshisekedi était entravé par une Assemblée nationale et un Sénat largement dominés par le FCC.

Ces consultations nationales étaient donc censées «fédérer l’ensemble des forces politiques et sociales autour d’une vision commune de gouvernance ». En clair, le président souhaitait reprendre la main sur un gouvernement qui lui est hostile et torpille son action. En voulant arrêter de subir les coups de boutoir du FCC, et en prenant l’initiative de lancer de vastes consultations nationales, Félix Tshisekedi a fait le pari de créer une « union sacrée » autour de sa personne capable de redistribuer les cartes à l’Assemblée nationale.

Pour renverser les rapports de force, Félix Tshisekedi a obtenu les soutiens de l’opposition congolaise, dont deux poids lourds, Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba. Il a également été rejoint par de nouveaux venus, comme les élus de l’AFDC de Modeste Bahati.

Félix Tshisekedi s’est vu rappeler les doléances de la population congolaise: prédation, corruption, répression et une population parmi les plus pauvres de la planète après 18 ans de pouvoir de Joseph kabila.

Bloqué de toutes parts par le FCC, Félix Tshisekedi cherchait la porte de sortie pour s’affranchir de son encombrant partenaire. Peu à peu, il est parvenu, grâce à sa nouvelle majorité parlementaire, à faire partir Jeanine Mabunda et à installer Christophe Mboso Nkodia à la présidence de l’Assemblée nationale. Il en sera bientôt de même au Sénat où Alexis Thambwe Mwamba a été écarté par une motion de sénateurs. Et récemment, un nouveau Premier ministre en la personne de Sama Lukonde Kyenge a pris la place du kabiliste Sylvestre Ilunga Ilunkamba démissionnaire.

Avec le départ des militaires qui assuraient la garde des résidences de Joseph Kabila, et la réouverture des avenues à la circulation, aucun doute ne peut subsister : Félix Tshisekedi a définitivement éliminé un système qui tenait à perpétrer sa mainmise sur les institutions du pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.